Flamme olympique à Paris : le témoignage d’un lecteur

Stéphane Hamard, ex-éducateur spécialisé de 55 ans et soutien de longue date de la cause tibétaine, nous raconte sa journée sur le parcours de la flamme olympique, de passage à Paris lundi 7 avril. Une version des événements bien différente de celle de Michèle Alliot-Marie, selon qui la police « n’avait pas de consignes».

Politis.fr  • 9 avril 2008 abonné·es

« Je fais partie d’un groupe qui a manifesté pour la cause tibétaine à
Paris durant la journée du 7 avril, sans pour autant appartenir à une
organisation particulière. Je vous fais part de mon indignation concernant des contrevérités circulant dans les médias aujourd’hui, et répétées par notre ministre de l’Intérieur. Le rassemblement du Trocadéro s’est retrouvé enfermé par un cordon de force de l’ordre qui interdisait toute échappée vers l’extérieur dès lors que l’on portait des signes pro-tibétains. Après plusieurs échanges avec des officiers de police, il fut clair que la souricière avait pour but de nous empêcher d’essaimer notre message
ailleurs…

Après avoir dissimulé nos drapeaux, nous sommes ensuite allés vers le
rassemblement de l’hôtel de Ville. Nous nous sommes heurtés à un
barrage policier filtrant interdisant l’entrée aux porteurs de drapeaux
Tibétains, mais pas à ceux arborant les drapeaux chinois. Nos sacs furent
fouillés. Là encore, les officiers nous ont répondus qu’ils « avaient
des ordres ». Nous n’avons pas eu d’autre solution que de cacher encore nos
drapeaux dans nos sous-vêtements. Même constat au stade Charlety, alors que huit porteurs de drapeaux chinois passaient sans entrave devant nos yeux ébahis… Après quelques propos échangés avec les force de l’ordre, la même réponse : « C’est comme ça, c’est la consigne ».

Enfin, je peux donner les références d’une personne proche qui, postée
sur les côtés autorisés du parcours de la flamme, s’est pourtant fait
arracher son drapeau. Bref, ce fut réellement une ségrégation anti-tibétaine forcement organisée en haut lieu, pour refuser tout affichage défendant cette
communauté : comme les Chinois font peur !

Dans les trois lieux où je fus, j’entendis beaucoup de cris de soutien,
d’indignation et de désespoir et des huées au cortège : après la flamme,
les sponsors, les officiels chinois, les sportifs aussi hélas : mais pas
facile de trier dans les bus qui passent. J’ai vu des Tibétains fondre en
larmes (j’aimerais que ce soit de bonheur d’enfin recevoir un soutien si
longtemps attendu). Il y eut bien au stade Charlety des insultes ou des
cailloux à un moment, mais très vite auto-réprimés : il est faux de dire que
les policiers eurent à intervenir.

Que l’on cesse de dire que des personnes qui se couchent devant un
cortège ou que le peuple qui s’indigne parce qu’il veut encore croire à
un peu de moralité dans ce monde de marchands font forcement preuve de
violence ou d’excès honteux. « On a sali la flamme » dit-on. Mais c’est justement une flamme sale que les gens refusent , puique souillée par le choix bien peu éclairé du C.I.O. »

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