Bandes d’organisés !

Christine Tréguier  • 17 juillet 2008 abonné·es

Le gouvernement fait la chasse aux terroristes, du dehors, du dedans, et aussi aux pauvres et aux étrangers de chez nous. Sans vouloir à notre tour pratiquer l’amalgame, on mettrait bien dans un même sac la mouvance anarcho-autonome et ces « bandes organisées » désignées à grands effets de manches médiatiques par la garde des Sceaux. L’une d’elle s’est heurtée à la police sur le Champ-de-Mars lors de la petite soirée improvisée des bacheliers. Au risque de déplaire à certains, on peut dire que lesdites « bandes » appartiennent bien à la sphère des contestataires radicaux. Il ne leur manque, parfois mais pas toujours, que la conscience politique. Rachida Dati, maire parachutée du VIIe, a donc à nouveau sévi et annoncé que « le préfet de police va créer un fichier sur les bandes organisées » . Personne, à part elle, n’est au courant. À moins qu’elle n’ait voulu parler d’Edvige, le nouveau fichier de la Direction nationale de la sécurité publique (DNSP : réunion de la DST et des RG). Mme Dati a ensuite enjoint Bertrand Delanoë de faire installer une quinzaine de caméras de vidéosurveillance sur le Champ-de-Mars. C’est de sa faute si le parc de l’esplanade est ouvert le soir et que ça attire les bandes dans « son » quartier. Avec l’aval de Nicolas Sarkozy, elle a décidé « de placer le maire de Paris face à ses responsabilités ». Bertrand le libéral appréciera le sans-gêne de Rachida et son souci de voir les « bandes » s’organiser ailleurs que dans son fief. Il aimera sans doute aussi l’insistance avec laquelle MAM lui demande d’ « accélérer la mise en place de caméras de surveillance » dans l’Est parisien, à la suite de l’agression du jeune Rudy H. aux Buttes-Chaumont.

Comment Bertrand Delanoe va-t-il répondre aux deux générales en pétard ? Vue son autorité naturelle, il ne se pliera pas sans rien dire à leurs réquisitions, mais ne pourra pas non plus ignorer leurs demandes. A priori, ni l’Intérieur ni la Justice, et encore moins une maire d’arrondissement, ne peuvent, sans modification des codes de loi, lui imposer l’installation de caméras dans l’espace public de la ville. Sauf cas précis de risque terroriste grave, prévu par la loi idoine de 2007. On en déduit donc que les bandes organisées et les jeunes des quartiers sont tout naturellement assimilés à une telle menace. Comme le disait le Syndicat de la magistrature dans un récent communiqué, l’État « voit des terroristes partout » , et les pires scénarios paranoïaques (voir Babil du n° 1010 sur le site de Politis) pourraient bien devenir réalité.

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