Les bas revenus trinqueront

Thierry Brun  • 17 juillet 2008 abonné·es

Les premières annonces budgétaires pour 2009 ont donné le ton : le gouvernement s’apprête à tailler drastiquement dans la protection sociale des Français et dans les services publics pour répondre aux critères du pacte de stabilité européen. Après un déficit public (État, Sécurité sociale et collectivités locales) à 2,7 % du PIB fin 2007, la France s’est engagée auprès de ses partenaires européens à le ramener à 2,5 % fin 2008 et à 2 % en 2009. L’objectif est de friser un aberrant « déficit zéro » en 2012. Faute d’augmenter les impôts, en particulier des contribuables aisés, et alors que les difficultés économiques liées à la crise mondiale hypothèquent une partie des recettes fiscales (3 à 5 milliards d’euros de moins pour 2008), la seule solution envisagée par le gouvernement de François Fillon est de réduire le déficit public et donc la voilure de l’État social. L’an prochain, 30 000 à 32 000 postes de fonctionnaires partant en retraite seront supprimés, dont 13 500 dans l’Éducation nationale.

En ce qui concerne l’assurance maladie, le débat d’orientation budgétaire au Parlement, le premier de l’histoire à porter sur un budget pluriannuel (2009-2011), prévoit un plan d’économie de 4 à 5 milliards d’euros dès 2009, qui entraînera une diminution importante de la couverture maladie de la Sécurité sociale. Toujours en ce qui concerne le social, le financement du revenu de solidarité active (RSA), destiné à remplacer le revenu minimum d’insertion et l’allocation de parent isolé, se fera avec la prime pour l’emploi (PPE), versée aux plus modestes.
Ces premières orientations budgétaires vont à coup sûr creuser les inégalités, et pour le moins rendre plus difficiles les fins de mois des bas revenus. La politique budgétaire est en effet adossée à la TVA (près de la moitié des recettes fiscales), un impôt très injuste pour les bas salaires. En 2008, le gouvernement bénéficiera d’un surcroît de recettes de TVA (cet impôt étant assis sur les prix et non sur les volumes). Les salariés, en particulier les plus modestes, très exposés à l’augmentation des dépenses contraintes (alimentation, transport, etc.), sont les grands perdants. Leur pouvoir d’achat recule, tandis que le bouclier fiscal à 50 % a rapporté plus de 600 millions d’euros (au premier trimestre 2008) aux contribuables les plus aisés.

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