Fusion dangereuse

Thierry Brun  • 18 septembre 2008 abonné·es

Le nouvel organisme issu de la fusion de l’ANPE et de l’Unedic, chargé du suivi et de l’indemnisation des chômeurs, ne porte toujours pas de nom, mais son instance nationale provisoire a présenté ses projets d’ « offre de services ». L’ANPE-Unedic veut « répondre aux attentes de ses clients » demandeurs d’emploi et aux entreprises en proposant « un saut qualitatif » afin d’ « accélérer le retour à l’emploi » . Ce langage digne d’une entreprise privée à la recherche de compétitivité figure dans le document de travail de cette instance, qui prévoit une généralisation, début 2009, de la mise en contact de chaque chômeur avec un « référent unique » , le développement des parcours personnalisés (selon le degré d’éloignement de l’emploi), l’instauration d’un suivi mensuel dès le premier mois pour les moins de 25 ans, etc. En outre, une assistance renforcée est promise pour les exclus, avec « un conseiller pour trente personnes en vraie difficulté » , a annoncé récemment Christian Charpy, directeur de l’ANPE-Unedic.

Rien n’est dit sur les moyens. On sait pourtant que le gouvernement n’a pas caché qu’il attendait une baisse des cotisations d’assurance chômage pour augmenter les cotisations vieillesse. Au prétexte de simplifier certains services censés apporter « une vraie valeur ajoutée » aux chômeurs, la nouvelle instance omet de préciser le nombre envisagé de fermetures d’antennes Assedic ou d’ANPE. Fin 2007, la direction générale de l’Unedic évoquait déjà une réduction possible de 1 600 à 1 200 antennes. Et les syndicats de l’ANPE ont dénoncé à plusieurs reprises le manque de moyens pour mettre en œuvre la politique de suivi individuel des chômeurs mise en place en 2006. Actuellement, selon l’ANPE, la moyenne nationale serait d’un conseiller pour 80 demandeurs d’emploi.

L’offre de service du nouvel organisme s’articulera aussi autour du décret d’application durcissant les sanctions contre les chômeurs qui refusent deux « offres raisonnables d’emploi ». Il devrait paraître fin septembre et permettra de radier durant deux mois un chômeur s’il ne respecte pas les nouvelles obligations. Selon le SNU-ANPE, « le Medef se donne les moyens de maîtriser les mouvements de main-d’œuvre sur le marché du travail, dans le sens d’une plus grande flexibilité. Les chômeurs ont donc tout à craindre de cette réforme qui va dans le sens d’une coercition renforcée ».
Les syndicats préconisent de lancer des évaluations des dispositifs déjà en place ainsi que des causes du chômage. Mais il s’agit d’aller très vite. Selon l’instance provisoire, l’ « amélioration » devrait être « visible » dès janvier 2009.

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