L’épargne a ses alternatives

Thierry Brun  • 18 septembre 2008 abonné·es

Parler d’épargne en pleine tourmente financière soulève de multiples questions. Ces circuits de financement sont en effet mis en cause dans une économie financiarisée jusqu’à la caricature. Où vont ces placements ? Il est bien difficile de le savoir. Même parés d’éthique, les fonds qui gèrent ces investissements ont une vision de court terme, déconnectée des préoccupations des citoyens. Et les banques cultivent volontiers l’opacité. Les circuits financiers sont nomades et quasiment intouchables.
Et quand il s’agit de l’investissement socialement responsable (ISR), la « performance » compte plus que les critères liés aux droits de l’homme et au respect des droits sociaux. « Moins de 10 % des entreprises occidentales ont une politique de responsabilité sociale des entreprises en Chine » , a rappelé récemment Liu Kaiming, fondateur de l’Institut d’observation contemporaine, une des rares ONG chinoises intervenant dans l’audit social [^2].

Dans ce contexte, le guide des placements éthiques et solidaires publié par Alternatives économiques est un outil précieux. La nouvelle édition rend compte d’un travail de recherche sur ces fonds d’investissements et leur prise en compte des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance. Ces informations sont destinées au grand public, lui permettant de distinguer l’ISR, noyé dans de vastes machines financières recyclant les capitaux, de la finance solidaire, qui sort des circuits bancaires classiques et du système spéculatif. Certes, la finance solidaire, terme très valorisant pour les opérateurs bancaires, n’échappe pas à l’appétit des banques classiques. On distinguera donc les offres de placements proposées par la BNP Paribas de celles, réellement solidaires, proposées par La Nef ou Garrigue, des coopératives financières. On distinguera aussi certains types de livret d’épargne et de fonds communs de placement comme Faim et développement (CCFD), premier fonds dit de « partage » en Europe.

On remarquera que la plupart des placements proposés vont s’investir sur les marchés boursiers, dans la plupart des cas en actions cotées des entreprises du CAC 40. Peu participent au financement d’entreprises ou d’initiatives sociales et environnementales en actions non cotées ou en parts sociales. Ainsi, à la Caisse d’épargne, la proportion d’ISR par rapport au total des encours n’est que de… 0,35 %. C’est aussi le cas de certains fonds communs de placements (FCP) dits solidaires. Au-delà de ce constat, c’est surtout dans les organismes de finance solidaire que l’on trouvera les alternatives et les innovations.

[^2]: Lire La lettre de l’économie responsable, n° 69, septembre 2008, éditée par Novethic, .

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