Courrier des lecteurs Politis 1041
dans l’hebdo N° 1041 Acheter ce numéro
Défense de toucher au mythe Parler « politique », par définition, c’est bien le rôle d’une politologue telle que se présente Janette Habel. Un reporter, lui, rapporte des faits, des impressions, des images : la vérité d’un moment et d’une situation. Pas la Vérité toute nue, définitive. Pas davantage les « analyses » que Mme Habel a pu « chercher en vain » . Le journaliste n’est est pas moins subjectif, engagé et même « orienté ». Qui ne le serait pas, y compris dans le champ des « analyses » ? Le problème surgit, en fait, lorsque l’autre n’est pas orienté dans la bonne direction – la sienne. Il en va de même avec l’esprit critique : un lecteur, repris par Mme Habel dans sa tribune, accuse Politis d’avoir perdu son sens critique en publiant mon reportage. Ne serait-ce pas plutôt le contraire ?
Je m’attendais à ces prévisibles réactions – et je n’étais pas le seul. Prévisibles dès lors qu’un mythe se trouvait écorné. Cuba fait partie de cette mythologie dont se nourrit une partie de la gauche française, des trotskistes aux socialistes. Les histoires, la geste des héros de l’épopée cubaine se trouvent colportés depuis un demi-siècle, forgeant dans le même sens – très « orienté » – l’imaginaire « révolutionnaire ». Il en fut ainsi du « soviétisme » et du maoïsme, jusqu’à leurs mises à bas, ces moments où l’histoire reprend ses droits. Le castrisme, lui, continue à faire illusion. Pourquoi ? En partie par la nécessité, assez humaine en somme, de se protéger des vérités fatales à la sauvegarde de ses propres illusions. Plutôt