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Une étude qualitative inédite intitulée « Qui vend quoi ? » apporte la preuve que la librairie est la seule à soutenir les livres les plus fragiles et les plus exigeants.

Christophe Kantcheff  • 12 mars 2009 abonné·es

La meilleure alliée de l’édition indépendante, c’est la librairie et non les chaînes spécialisées en produits culturels, type Fnac ou Cultura ! L’idée qu’elle seule permet de maintenir la diversité culturelle et contribue de manière décisive à la qualité éditoriale n’est pas neuve. Mais jusque-là aucune étude quantitative et, surtout, qualitative, n’était venue sérieusement étayer le propos. C’est chose faite grâce au tout nouvel Observatoire régional du livre et de l’écrit en Île-de-France (Motif), qui rend public à l’occasion du Salon du livre un rapport intitulé « Qui vend quoi ? » (voir encadré). Une étude qui a pour originalité de reposer notamment sur l’analyse du « destin commercial d’un panel » de 38 titres très différents, dans les quatre réseaux de ventes : librairies, grandes surfaces spécialisées (GSS) en produits culturels, « grandes surfaces alimentaires » (GSA), autrement dit les hypermarchés, et Internet.

Principal enseignement : quand on regarde la part des ventes de ces 38 titres réalisées dans chaque réseau, ceux qui sont les plus vendus en GSS et en GSA sont les mêmes. Ces livres sont pour la plupart des best-sellers sans prétention ou reconnaissance littéraires : Millenium, de Stieg Larsson (Actes Sud), l’Élégance du hérisson , de Muriel Barbery (Gallimard), Parce que je t’aime, de Guillaume Musso (Pockets et XO)…

Les librairies, en revanche, se distinguent : non seulement ce sont elles qui assurent les ventes des livres exigeants et moins ren­tables a priori, tels que Drapeau rouge, de Jean-Claude Pinson (Champ Vallon), le Passé : modes d’emploi, d’Enzo Traverso (La Fabrique), le Roi vient quand il veut, de Pierre Michon (Albin Michel)…, mais ce sont elles aussi qui sont à l’origine du succès de certains d’entre eux, les GSS et GSA ne venant éventuellement amplifier les ventes qu’après coup. C’est le cas de Train de nuit pour Lisbonne, un roman du suisse germanophone Pascal Mercier (Maren Sell), qui s’est vendu à plus de 20 000 exemplaires, ou des Déferlantes, de Claudie Gallay (Le Rouergue), qui a dépassé la barre des 50 000 exemplaires.
Cette étude arrive à point nommé pour inciter les élus à développer les aides à la librairie traditionnelle… et les lecteurs à pousser leur porte plutôt que celle des enseignes des grands groupes.

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