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Politis  • 2 avril 2009
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Liberticide

Déclaration de Nicolas Sarkozy, chef de l’État français, à Saint-Quentin (Aisne) le 24 mars : « Une société égalitaire, c’est le contraire d’une société de liberté. » Confirmation le 29 mars, dans le Journal du dimanche, du sociologue Ernest-Antoine Seillière : « Nous passons d’un monde où triomphait la liberté à un monde où domine l’égalité. » C’est à présent une absolue certitude : les grands esprits se rencontrent.

Vicieux virus

D’après André Fort, évêque d’Orléans et spécialiste universellement reconnu des maladies sexuellement transmissibles : contre le sida, « le préservatif n’est pas une garantie à 100 % » . André Fort a su trouver quelques mots simples, pour décrire une réalité scientifique méconnue : le virus profite (lâchement) de sa (toute) petite taille pour se glisser entre les mailles (caoutchouteuses) du condom, à l’insu de l’utilisateur qui a sottement cru aux mensonges du corps médical. Quelques (prétendus) chercheurs infatués ont répondu au docteur Fort que « s’il est utilisé tout le temps et correctement, le préservatif est fiable à 100 % »  : le dogmatisme le plus étroit n’a (décidément) pas fini de faire des ravages dans la (soi-disant) communauté scientifique.

Toute ressemblance…

Dans son livre Georges Mandel, un clémenciste en Gironde, paru en 1969, l’avocat Bertrand Favreau évoque (page 108) le premier discours de Mandel à la Chambre : « Seul Léon Daudet lui apporta sa compromettante approbation. » Vingt-cinq ans plus tard, dans son livre Georges Mandel, le moine de la politique, paru en 1994, Nicolas Sarkozy, évoque (page 102) ce même discours : « Seul Léon Daudet lui apporta son soutien. Un soutien compromettant. » Il est toujours divertissant d’observer combien deux auteurs que sépare un quart de siècle peuvent trouver des mots assez semblables, pour dire leur admiration d’un même personnage – mais dans ce cas précis, la ressemblance tient du (prodigieux) miracle. Ainsi, quand Favreau parle, au détour d’une page, de la « réserve » de Mandel qui « croyait fermement en Reynaud » , Sarkozy, vingt-cinq ans plus tard, énonce quant à lui que Mandel « a choisi délibérément une attitude de relative réserve, d’abord à cause de l’amitié qui le liait à Reynaud » . Et quand Favreau note en 1969 que « Mandel, qui toute sa vie avait entendu des sarcasmes relatifs à sa religion, ne voulait pas que l’on puisse dire que “le?juif Mandel” avait déserté » , Sarkozy relève pour sa part, en 1994 que « le “juif Mandel” ne voulait pas faire à ses adversaires le plaisir de lire qu’il avait déserté… » Etc. Alain Garrigou a relevé tant de similitudes entre les deux ouvrages qu’il a fini par se rendre à cette accablante évidence : la biographie signée Sarkozy est « bien informée et plutôt bien écrite » – mais « c’est un plagiat » . Le délit d’offense est-il constitué ?

Bernard-Henri Clausewitz

Chanceux étudiants de l’ENA ! Ils ont été invités à débattre, les 2 et 3 avril, avec un haut responsable de l’Otan, Jean-François Bureau, des « nouvelles menaces » qui pèsent sur le monde libre, et qui « poussent l’alliance à changer et à s’adapter » (alors qu’elle aimerait tellement qu’on la laisse déjeuner en paix). Cerise sur le gâteau : d’éminentes personnalités enrichiront le débat de leurs coruscants points de vue. Parmi elles, un homme dont le monde entier nous envie les vues pénétrantes et le décolleté ravageur : le fameux romanquêteur Bernard-Henri Lévy. Et, certes, sa présence en un tel lieu pourrait surprendre les plus fidèles lecteurs de son légendaire bloc-notes, où il confessait il y a trois mois ( le Point, 10 janvier 2009), dans un accès de sincérité, « n’être pas un expert militaire » . Mais il s’agissait alors, pour cet admirateur passionné de l’armée israélienne, de justifier son refus de se demander « si les bombardements israéliens sur Gaza auraient pu être mieux ciblés, moins intenses ». Sitôt ces bombardements terminés, BHL a donc vitement rendossé son treillis d’expert ès guerres : où y a de la gêne, y a pas de plaisir.

Les échos
Temps de lecture : 3 minutes
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