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Politis  • 30 avril 2009
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C’est tous les jours dimanche

On attendait avec impatience la première déclaration du nouveau ministre du Travail, Brice Hortefeux. Et on n’est pas déçu. Lors du « Grand Rendez-Vous » Europe 1- Le Parisien du 26 avril, l’homme a invoqué l’urgence de ressortir du placard une vieille promesse sarkozienne. Comme s’il ne s’était rien passé depuis 2007, une nouvelle proposition de loi sur le travail du dimanche sera déposée « dans les toutes prochaines semaines ». Voilà qui emballera les masses laborieuses au chômage.

Sensible Michel!

Dans le supplément télé du Parisien (24 avril), le toujours délicat Michel Charasse rend un vibrant hommage posthume à Pierre Bérégovoy : « Il était profondément gentil et humain, avec un réel souci d’améliorer le sort des gens. » Émouvant. Mais juste après, ça se gâte : Béré, dans le souvenir de cet admirateur atypique, était aussi « usant, car il avait sans cesse des états d’âme, […] dramatisait tout et n’était jamais franchement heureux, même quand tout allait bien. » D’ailleurs – décidément très malade : «  Il était scrupuleux au point d’être maniaque. » Et le gracieux témoin de narrer : « J’étais près de Vichy quand le téléphone a sonné. […] François Mitterrand m’a dit : “Alors, vous avez vu, pour Bérégovoy ? C’est fait, il s’est tiré une balle.” » Un vrai sensible, Charasse.

L’Europe selon Sarkozy

Pas question de réviser la très régressive directive européenne sur le temps de travail. Les représentants des États membres ont réussi à faire capoter définitivement, le 28 avril, une éventuelle révision de celle-ci pour limiter la casse sociale. On doit cette situation à Sarkozy et à Berlusconi, qui ont poussé, en juin 2008, à l’adoption de cette directive généralisant à l’ensemble des États membres le principe de l’opt out , un système dérogeant à la durée maximale de travail hebdomadaire autorisé de 48 heures. En mettant un peu la pression sur ses salariés, n’importe quel employeur peut ainsi les exploiter jusqu’à 78 heures hebdomadaires. On remercie qui ?

Bayrou schizophrène

François Bayrou a vanté, samedi, à Hérouville-Saint-Clair (Calvados), l’Europe sociale : « Le social doit revenir au cœur du projet européen » , a lancé la nouvelle coqueluche des électeurs de gauche (si l’on croit le sondage publié lundi par Libération ). Et comment le MoDem va-t-il s’y prendre ? « Seule une Europe vraiment compétitive, créant des emplois et des opportunités pour tous, garantira la dimension sociale du marché unique » , explique la plate-forme électorale des Libéraux démocrates européens (ELDR), groupe auquel appartient le MoDem. Elle affirme encore ceci : « Le marché unique devrait être renforcé et élargi dans les domaines de l’énergie, des services postaux, des services financiers, des chemins de fer et des soins de santé, tout en facilitant la libre circulation des services et des travailleurs. » Mais François Bayrou, qui n’est pas à une contradiction près, plaide « pour une convergence des systèmes de protection sociale européens » bien qu’il ait approuvé le traité de Lisbonne, qui continue d’interdire expressément « toute harmonisation des dispositions législatives et réglementaires des États membres » en matière d’emploi, de politiques sociales et de protection sociale.

Les échos
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