L’Etat tente de reprendre la main

Les états généraux de l’outre-mer sont-ils une réponse à la crise des DOM ou une mascarade de l’État ? Élie Domota, porte-parole du LKP, dénonce les entorses faites aux accords du 4 mars en Guadeloupe. L’offensive des patrons,favorisée par l’État, et le niveau des prix risquent de mobiliser à nouveau.

Patrick Piro  • 5 novembre 2009 abonné·es
L’Etat tente  de reprendre la main

Le 6 novembre, Nicolas Sarkozy annoncera ce qu’il retient des états généraux de l’outre-mer, qui ont rendu leurs conclusions début octobre. La méthode est rodée : les acteurs débattent, le Président décide.Cette concertation, engagée par l’Élysée, devait faire émerger des propositions après la crise qui a agité les DOM au début de l’année, jusqu’aux grèves générales en Martinique et surtout en Guadeloupe, paralysée pendant quarante-quatre jours sous la houlette du collectif LKP [^2]
. Mais il s’agissait d’abord de calmer les esprits.

Depuis plusieurs mois, l’État tente de reprendre les commandes de la situation. Il semble y être parvenu avec les élus, qui ont joué le jeu des états généraux. Nicolas Sarkozy a même donné satisfaction à la Guyane et à la Martinique, qui ont demandé, début octobre, un surcroît d’autonomie : leurs électeurs se prononceront début janvier par référendum.
Mais, une fois de plus, le point dur se situe en Guadeloupe. Les élus ont reporté à 2011 toute décision de réforme statutaire du département, en raison de la tension sociale qui perdure, mais aussi parce que la confiance n’est pas rétablie avec l’État. Début octobre, la visite en Guadeloupe de Marie-Luce Penchard, secrétaire d’État à l’outre-mer et fille de Lucette Michaud-Chevry, notable locale, avait peut-être pour objectif principal de remettre de l’ordre au sein de l’UMP local, où il existe un pôle hostile à Sarkozy, voire de préparer sa candidature aux régionales de mars prochain.
Le LKP a senti le danger, interprétant ces diverses manœuvres comme une stratégie sarkozienne délibérée pour le torpiller et l’isoler du soutien de la population, ou même pour contourner l’accord de sortie de crise qu’il a arraché le 4 mars 2009. Le 3 octobre, le mouvement social avait appelé à une manifestation de remobilisation. Vingt-cinq mille personnes sont descendues dans la rue, a compté le LKP, qui se dit plus déterminé que jamais à ne pas laisser passer une chance historique de transformer la Guadeloupe en une société plus juste et plus équitable.

[^2]: Liyannaj kont pwofitasyon, « collectif contre l’exploitation outrancière », composé aujourd’hui de 48 organisations (syndicats, associations, partis).

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