Des rues qui donnent la priorité aux piétons

Cet arrondissement socialement mélangé a limité au maximum la place de la voiture. Ce qui arrange les familles mais pas trop les commerçants.

Claude-Marie Vadrot  • 14 janvier 2010 abonné·es

Dans cet arrondissement qui regroupe à la fois des habitants aisés et des personnes connaissant d’importantes difficultés financières, 76 % des ménages ne possèdent pas de voiture. Ce qui facilite la mise en œuvre et l’acceptation de la « dissuasion » motorisée. Cela entraîne aussi l’élargissement maximum des trottoirs, dans un quartier dont les rues sont pour la plupart très étroites. Y compris en repoussant les poteaux empêchant le stationnement au plus près de la chaussée, afin qu’ils ne soient plus un obstacle pour les passants. Plusieurs rues sont devenues piétonnes, et un certain nombre de changements de sens de circulation ont rendu plus difficile le trafic de transit. Ils ont aussi permis la mise en place du Réseau vert parisien, continuité de rues réservées aux bicyclettes et aux livraisons, refusé par les mairies (socialistes) des arrondissements voisins, le IIIe et le IVe. Une politique qui énerve quand même un peu les commerçants et beaucoup les visiteurs en voiture, qui éprouvent pas mal de difficultés – trop, de leur point de vue – à se garer. Mais ces initiatives ont été amendées puis approuvées par les conseils de quartier, ce qui a permis de les mettre en œuvre.

Cela explique probablement pourquoi le Vélib cartonne dans le IIe et que ses stations connaissent le plus fort taux de rotation de la capitale. Les moins jeunes du quartier, rencontrés rue Montorgueil notamment, râlent contre les cantines bios en jurant que cela ruine le budget de la mairie et que les parents doivent payer plus cher. Il semble difficile de les convaincre que cela ne correspond pas à la réalité. Tout autre est le jugement des jeunes couples qui occupent les appartements, souvent assez petits, du quartier.

Malgré les efforts de la mairie, les habitants paraissent peu nombreux à savoir que leur édile a réussi à remunicipaliser le nettoyage des rues et une partie de la collecte des déchets, en incitant au tri collectif. Résultat : l’arrondissement est celui qui trie le plus et le mieux dans la capitale, y compris pour les emballages et les cartons, traditionnellement nombreux dans les rues du Sentier.
Enfin, à la grande satisfaction des habitants, et surtout de ceux qui ont encore des voitures, l’installation d’un « pigeonnier contraceptif » empêche les pigeons de trop chier sur les bagnoles. Le diable (politique) se niche donc bien dans les détails…

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