Des incendiaires

Brimstone Howl joue
avec panache
un rock énergique, brûlant, mais aussi mélodique.

Jacques Vincent  • 4 février 2010 abonné·es

Tant pis pour les questions d’actualité. Le groupe dont nous allons parler, Brimstone Howl, a sorti son quatrième album il y a plusieurs mois et n’est même pas distribué en France. Mais Big Deal, What’s He Done Lately est ­trouvable dans les bonnes échoppes ainsi d’ailleurs que le précédent, We Came In Peace, disponible en vinyle transparent du plus bel effet. Si on en parle maintenant, c’est qu’il a fallu un de ces hasards réjouissants, au gré d’une visite dans une boutique qui jouait son dernier album, pour découvrir le groupe. Alors battons notre coulpe d’arriver un peu tard, mais n’aggravons pas notre cas en gardant la découverte pour nous.

Brimstone Howl est un trio américain originaire d’Omaha, dans le Nebraska, et le moins qu’on puisse dire est que sa musique attire l’oreille et ne la lâche plus. On se demande un moment s’il s’agit du Jon Spencer Blues Explosion tout en étant à peu près persuadé du contraire, car si le son et l’énergie incendiaire rappellent ce dernier, ce groupe a quelques avantages qui font la différence : une voix, des mélodies et des chansons. Autant dire que Brimstone Howl a tout pour lui.

On ne le trouve pourtant sur aucune des listes du genre CQFA (Ce qu’il faut aimer) généreusement dispensées par certains magazines, mais aimer Brimstone Howl n’est sûrement pas musicalement correct, car il est totalement à contre-courant de ce qui est mis en avant aujourd’hui. On ne va pourtant pas se gêner pour l’adopter séance tenante, tant il représente ce que l’on attend en permanence sans même plus oser l’espérer. Résumons simplement : voici le premier groupe depuis longtemps capable de nous faire un peu moins regretter la disparition des Cramps et des Ramones. Ce n’est pas rien, et cela devrait suffire, mais détaillons quand même. Le batteur semble avoir appris à jouer en écoutant les deux groupes précités, et alterne les rythmiques des uns et des autres ; le guitariste soliste garde toujours son kit de pyromane à portée de la main ; et le chanteur a la voix possédée d’un prédicateur guetté par la transe. Brimstone Howl produit un rock puissant, bruyant, grinçant, énervé, chaotique, et totalement jubilatoire. Dans les notes de pochette du dernier album, le groupe s’amuse à qualifier avec morgue ses morceaux de « classiques instantanés ». Certains, comme « Suicide Blues » ou « Summer Of Pain », témoignent qu’il exagère à peine.

Culture
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