« Giutizia » pour les victimes italiennes

Deux dirigeants des usines italiennes de la multinationale Eternit encourent des peines de prison pour avoir causé un « désastre sanitaire » lié à l’amiante.

Pauline Graulle  • 4 février 2010 abonné·es

Les milliers d’Italiens victimes du « cartel de l’amiante » auront-ils gain de cause ? Verdict en mai 2011. Après trente ans de combat juridique, s’est ouvert, le 10 décembre dernier à Turin, un procès au pénal de l’amiante. Une première en Europe. À la barre, 2 900 parties civiles qui réclament cinq milliards d’euros à Stephan Schmidheiny, milliardaire suisse reconverti dans la « philanthropie écologique » (sic !), et au baron belge Louis Cartier de Marchienne. De 1966 à 1992, tous deux ont fait prospérer les usines Eternit sur le sol de quatre villes italiennes. Selon l’association suisse Caova (Comité d’aide et d’orientation des victimes de l’amiante), ils auraient eu connaissance du caractère cancérigène et mortel de l’amiante dès 1965. Ils encourent dix à treize ans de prison pour homicide : au moins 900 ouvriers d’Eternit sont morts contaminés par l’amiante.

Et des centaines de victimes « environnementales » ont été empoisonnées par les poussières d’amiante que dégageaient les usines. Comme Romana Blasotti Pavesi, qui a vu mourir son mari, sa sœur, sa cousine et sa fille. Elle habitait Casale Monferrato, petite ville piémontaise recouverte de poussière d’amiante, où flambeaux et banderoles frappées du slogan « giutizia ! » ont défilé la veille de l’ouverture du procès. Hasard du calendrier ou avertissement délibéré, en France, Joseph Cuvelier, ex-patron d’Eternit France, a été mis en examen à l’hiver 2009 par la juge d’instruction Marie-Odile Bertella-Geoffroy pour « blessures et homicides involontaires ».

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