Comment l’Acid transforme les spectateurs en alliés

Christophe Kantcheff  • 13 mai 2010 abonné·es

Que faire ? Trop souvent, les cinéastes de l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (Acid), à l’issue des débats après les projections, entendaient les spectateurs manifester leur incompréhension, voire leur indignation. Parce qu’ils étaient mécontents des films soutenus par l’Acid ? Bien au contraire. Ils se demandaient pourquoi ces films étaient si peu visibles et si peu connus.

Pour les cinéastes de l’Acid, c’est devenu une évidence : il fallait aider les spectateurs à se transformer en alliés, travailler plus étroitement avec eux. Et les fédérer. Le?projet de réseau « Acid spectateurs » était né, plus particulièrement porté par la documentariste Mariana Otero. Pour le mettre en place, l’Acid, avec à sa tête sa déléguée générale, Fabienne Hanclot, a créé un poste ad hoc, que Karin Ramette est venue occuper. En septembre 2009, le réseau était lancé.

Le « recrutement » se fait surtout par le truchement des cinéastes qui accompagnent les films soutenus par l’Acid. Présentation du réseau, distribution d’une brochure qui expose le dispositif. Il se fait donc au gré des salles de cinéma qui les ont accueillis depuis septembre. Restent encore des zones du territoire sans spectateurs Acid. Mais?aujourd’hui, après huit mois d’existence, on en compte déjà 61, avec une dominante en Île-de France et en Aquitaine.

« Devenir spectateur Acid ne crée pas d’obligations particulières, explique Karin Ramette, sinon le paiement de l’adhésion, qui a une valeur symbolique (10 euros, 5 euros pour les étudiants). Il s’agit d’un engagement volontaire à soutenir les actions de l’Acid. » Tous reçoivent des informations sur les films Acid (un 4 pages, coréalisé avec le CCAS), et les textes produits par l’association à teneur plus politique sur l’économie du cinéma. Ils peuvent donc devenir de vrais relais, en faisant circuler l’information. Les échanges avec Karin Ramette se font directement au téléphone et, s’ils le désirent, ils peuvent être mis en relation avec tel ou tel cinéaste.

Pour un avenir proche, Karin Ramette évoque la refonte en cours du site de l’association, qui accueillera des textes de spectateurs et un espace où ceux-ci pourront dialoguer entre eux. De nouvelles idées sont aussi à venir pour renforcer les liens et permettre aux spectateurs d’être plus actifs. « Cela s’inscrit dans une réflexion plus globale sur la relation avec les publics, dit-elle. Quelque chose est sans doute en train de bouger dans les rapports entre cinéastes et spectateurs. » Belle perspective.

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