Le nucléaire de tous les dangers

Derrière la question iranienne, omniprésente lors des premiers jours de débats à l’ONU, beaucoup de questions cachées.
De notre envoyé spécial à New York, Xavier Frison.

Xavier Frison  • 6 mai 2010
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Ceux qui attendaient une conférence de révision du traité de non-prolifération nucléaire (TNP) sans vagues en seront pour leurs frais. Dès le 4 mai, journée d’ouverture du mois de négociations autour de l’arme atomique à l’ONU (New York), Mahmoud Ahmadinejad sort l’artillerie lourde. À midi pile, le président iranien s’en prend tour à tour aux États-Unis, au « régime sioniste » et… à la bombe : « La possession d’une telle arme est dégoûtante et honteuse. »

Avant d’appeler à un « calendrier précis de désarmement » tout en ironisant sur la réelle volonté occidentale d’abolir le nucléaire militaire : « Un couteau ne se retourne jamais contre son propre manche. Attendre des fabricants d’armes qu’ils travaillent à leur élimination est une illusion. » Trois heures plus tard, vient la réplique, par l’intermédiaire de la Secrétaire d’État américaine. « L’Iran se moque des règles, lance Hillary Clinton.  Les violations doivent être punies. » Si ce n’était l’annonce faite le même jour par les États-Unis du nombre réel de leur stock d’armes atomiques, soit 5 113 têtes nucléaires, le film eût été d’un classicisme affligeant. Plus inquiétante pour l’avenir de la planète est la propension de tous les intervenants à promouvoir l’énergie nucléaire « pacifique » , comme le veut l’un des trois « piliers » du TNP. Selon Yukiya Amano, le patron de l’AIEA, « le nucléaire est de plus en plus accepté comme une énergie propre et sûre ». Le ministre des Affaires étrangères indonésien, au nom des 118 pays dits « non-alignés », encourage ses petits camarades à « utiliser le nucléaire à des fins pacifiques ». Et le chef de l’AIEA de se féliciter que d’ici à 2030 « dix à quinze pays mettront en place leur première installation nucléaire civile » … Gênant, quand on connaît les passerelles nucléaire civil-nucléaire militaire et le bilan environnemental dramatique de cette technologie. Certains diront qu’il ne faut pas tout mélanger, au risque de ne rien obtenir en termes de désarmement. D’autres ne pourront s’empêcher de mettre toutes les formes de nucléaire dans un même sac portant la mention « Danger ».

Publié dans le dossier
Un monde sans la bombe
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