Medef + FN = Sarkozy

Le discours de Grenoble a levé les dernières barrières : la politique de Nicolas Sarkozy puise dans les idées du FN. Sur le plan économique, c’est le Medef qui est la principale source d’inspiration du gouvernement. Cette addition terrible produit des effets désastreux dans la société d’aujourd’hui.

Denis Sieffert  • 23 septembre 2010
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Medef + FN  = Sarkozy
© PHOTO : FEFERBERG/AFP

Drôle d’addition, n’est-ce pas ? Il y a seulement trois ans, quelques semaines après l’élection présidentielle, on aurait pu, à bon droit, nous accuser d’outrance. La formule « Medef + Front national = Sarkozy » nous aurait semblé à nous aussi exagérée. Nicolas Sarkozy venait de se faire élire sur un programme de droite dure, certes, mais encore nettement différenciée d’avec les recettes idéologiques de M. Le Pen. En économie, la proximité avec l’appareil politique du patronat était déjà plus évidente. L’aîné des Sarkozy, Guillaume, n’était-il pas à la vice-présidence du Medef ? Il n’empêche ! Tout n’était pas écrit. Le futur président de la République avait commencé par promettre qu’il ne toucherait pas à la retraite à 60 ans. Encore respectueux de sa fonction, et de sa parole, il avait renouvelé sa promesse en 2008. Cela en dépit des pressions du Medef. Certes, le bouclier fiscal avait déjà scellé les noces dorées entre le patronat et l’Élysée, mais le « politique » rechignait encore à se faire avaler par l’organisation patronale. Aujourd’hui, il n’est plus guère que son fondé de pouvoir. Chacun sait que la réforme qui mobilise nos concitoyens contre elle est de pure inspiration Medef.

Le chemin parcouru est plus spectaculaire encore en ce qui concerne l’identification au Front national. La création dès le mois de mai 2007 d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale avait déjà donné quelques indications. L’ouverture, en décembre 2009, d’un débat consacré à l’identité nationale, invitant comme il était prévisible à tous les dérapages xénophobes, avait marqué une étape dans le rapprochement idéologique. Mais c’est évidemment le discours de Grenoble, le 30 juillet dernier, qui a levé les dernières barrières. Aujourd’hui, en perdition dans les sondages, Nicolas Sarkozy pratique une grossière fuite en avant. Nous avons retrouvé pour les besoins de ce dossier ses références, et ses emprunts mot pour mot au mouvement d’extrême droite. L’énorme manifestation anti-Le Pen du 1er mai 2002 aurait-elle été, finalement, contournée idéologiquement ?

Publié dans le dossier
FN + Medef = Sarkozy
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