La science face à la démocratie

Le doute, on le sait, est une vertu essentielle dans toute démarche scientifique. Mais, aujourd’hui, certains dévoient ce doute légitime pour désinformer et favoriser des intérêts marchands. Avant notre colloque du 20 novembre, nous faisons le point sur cette question cruciale pour la société.

Denis Sieffert  • 18 novembre 2010
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La science face à la démocratie
© Photo : cirou/photoalto

Àla veille du colloque que Politis organise ce samedi, en partenariat avec la Fondation Sciences citoyennes, l’association Global Chance et l’Aitec [^2], nous vous proposons quelques pistes de réflexion autour du thème « la science face à la démocratie », en supplément des trois textes déjà publiés de Benjamin Dessus et de Jacques Testart. On constatera qu’un mot revient sans cesse dans la bouche ou sous la plume de ceux qui s’expriment dans ces pages, comme l’historien des sciences Dominique Pestre : c’est évidemment le mot « doute ».

Comme chacun sait, le doute est une pratique indispensable dans tout processus d’élaboration de connaissances nouvelles. Douter est la vertu cardinale de ceux qui cherchent à approcher une vérité, qu’elle soit scientifique, historique, ou même journalistique, quand le journaliste commence une enquête ou un reportage. Le doute est au centre de toute réflexion épistémologique, de Kant à Popper ou de Russel à Bachelard. Il s’oppose au positivisme et au dogmatisme. Mais il est aussi l’objet d’un dévoiement. Ce que certains feignent aujourd’hui de confondre avec le doute n’est en vérité qu’un écran de fumée.

On a vu dans la controverse sur le climat comment Claude Allègre et quelques autres ont tenté de produire, au nom du doute scientifique (et même au nom de Galilée !), un relativisme absolu qui vise à anéantir toute certitude. Nous glissons là dans le domaine de la désinformation concoctée par quelques lobbies industriels facilement identifiables. La complication naît du fait que l’imposture se réclame d’un concept – le doute ou l’esprit critique – que nous revendiquons nous aussi. Le subterfuge vise évidemment à égarer l’opinion publique, pour peser sur nos comportements de citoyens et de consommateurs. Ce ne sont plus seulement les scientifiques qui sont alors interpellés, mais aussi les médias et les citoyens. Ce n’est plus seulement affaire de spécialistes, mais une question de démocratie. C’est de tout cela que nous vous invitons à débattre samedi.

[^2]: Association internationale des experts, techniciens et chercheurs.

Temps de lecture : 2 minutes
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