Lu, vu, entendu

Politis  • 23 décembre 2010
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LU

« La délinquance recule en France » , a déclaré Brice Hortefeux dans le Parisien-Dimanche du 19 décembre. Si cette assertion est vraie, cette baisse dans les statistiques a lieu malgré les condamnations répétées du ministre de l’Intérieur. Deux jours plus tôt, celui-ci a en effet été condamné à 1 euro de dommages et intérêts pour atteinte à la présomption d’innocence de David Sénat, ex-conseiller de Michèle Alliot-Marie à la chancellerie, et ce, six mois après une condamnation pour injures raciales. Très décomplexé, le délinquant récidiviste a réclamé pour lui-même le respect de la présomption d’innocence, ses deux condamnations ayant été prononcées en première instance. Elles ne sont donc « pas définitives » , a-t-il souligné. Bien entendu, le ministre condamné n’a pas songé un instant à démissionner. Au gouvernement, la « racaille » a la conscience tranquille.

VU

Ce jeudi 15 décembre, comme toutes les chaînes,
I-Télé rend compte de la fin du procès de l’agresseur meurtrier d’une jeune femme sur le RER D, Anne-Lorraine Schmitt, dans d’atroces circonstances. En direct sur le plateau pour sa chronique, Robert Ménard déclare à l’annonce des réquisitions : « Parfois, on regrette qu’il n’y ait pas la peine de mort. » À ses côtés, le présentateur du journal, Julian Bugier, exprime aussi sec son désaccord. En mars dernier, l’ancien directeur de Reporters sans frontières s’était déjà prononcé pour le rétablissement de la peine de mort en évoquant l’affaire Dutroux. Parfois, on regrette que Robert Ménard puisse encore exercer la profession de journaliste.

ENTENDU

Le 15 décembre, plusieurs députés européens, dont Jean-Luc Mélenchon, ont quitté l’hémicycle en protestant contre la remise du prix Sakharov 2010 à un journaliste et dissident cubain, Guillermo Fariñas. Le leader du Parti de gauche a justifié son geste en comparant le prix à une « ritournelle ». Il reproche au Parlement de Strasbourg d’être « embrigadé dans
des croisades anticommunistes »
après que celui-ci a récompensé à trois reprises – en 22 ans – des opposants cubains sans avoir, par exemple, condamné le coup d’État militaire au Honduras en 2009. Cela disculpe-t-il, pour autant, la dictature cubaine ? Le prix Sakharov a, entre autres, été attribué à Nelson Mandela, à Aung San Suu Kyi, aux mères de la place de Mai en Argentine, au quotidien bosniaque Oslobodjenje pendant le siège de Sarajevo, à la pacifiste israélienne Nurit Peled ou à l’ONG russe Memorial, qui se bat contre les violations des droits humains. Des « ritournelles » pour Jean-Luc Mélenchon ?

Les échos
Temps de lecture : 2 minutes
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