Il neige à cause du réchauffement

Les intempéries de cet hiver en France témoignent bien du dérèglement climatique global. De même que la canicule de l’été dernier en Russie ou les inondations au Pakistan. Explications.

Patrick Piro  • 6 janvier 2011 abonné·es

Nouvel épisode neigeux annoncé en France : ces intempéries inhabituelles ne manquent pas d’alimenter les ricanements des climato-sceptiques – où est le « réchauffement » ? Pourtant, la situation traduit assez bien le « dérèglement » (terme plus juste) qui affecte les climats sur l’ensemble de la planète.

Tout d’abord, la neige est surtout tombée en plaine, quand les pentes ont connu en moyenne une période de douceur atypique. Ensuite, il suffit de regarder au-delà de l’Europe du Nord pour constater les bouleversements. Le Proche-Orient a connu des températures estivales jusqu’en décembre. L’année 2010 pourrait être ­globalement la troisième la plus chaude de l’histoire des relevés météos. Elle est déjà en tête du palmarès dans une vingtaine de pays, et marquée par des catastrophes exceptionnelles : une canicule historique cet été en Russie [^2], avec plus de 38 °C à Moscou et de gigantesques incendies de forêt ; conjointement, des inondations hors norme submergeaient 160 000 km2 au Pakistan.

Et depuis quelques jours, une superficie cinq fois plus importante se trouve sous les eaux dans le nord-est de l’Australie, où le déluge aurait déjà coûté un milliard de dollars à l’économie du pays. Quant à l’Europe du Nord, la rigueur de l’hiver aurait, elle aussi, pour cause principale le dérèglement, selon une étude du Journal of Geophysical Research (novembre 2010) : les latitudes arctiques, qui connaissaient des températures positives incongrues ces dernières semaines, ont perdu 20 % de leurs calottes glaciaires depuis trente ans. L’air doux y décalerait les masses polaires vers les latitudes plus méridionales, dont les hivers extrêmes pourraient devenir trois fois plus fréquents qu’auparavant.

[^2]: Les calculs montrent que, hors dérèglement climatique, sa probabilité d’occurrence serait d’une fois tous les 100 000 ans.

Écologie
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