Sur le dos des chômeurs

Les négociations entre syndicats et patronat sur la convention d’assurance chômage ont débuté.

Thierry Brun  • 27 janvier 2011 abonné·es

Le Medef verrait bien l’actuelle convention d’assurance chômage reconduite lors des négociations entre syndicats et patronat qui ont débuté lundi dernier et doivent s’achever fin mars. « Les débats se borneraient à quelques détails techniques et à la question de savoir quels syndicats signeront la décision finale » , estime le Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), qui ajoute que « les chômeurs sont pris en otage » .

Or, la convention entrée en vigueur en 2009 n’a été signée que par la CFDT, qui préside l’Unedic depuis janvier 2010. Elle a certes réduit les délais pour être indemnisé : quatre mois d’activité sont nécessaires au lieu de six pour toucher un jour d’indemnisation par jour travaillé. Mais la durée d’indemnisation a été raccourcie, au point que 210 000 personnes sont sorties des statistiques de Pôle emploi, indique la CGT. Surtout, la convention a inscrit une réduction des cotisations des entreprises en cas d’excédent d’au moins 500 millions d’euros dans les comptes semestriels de l’Unedic, clause non négociable pour le Medef. Or, l’Unedic a publié la semaine dernière des prévisions très optimistes pour les prochaines années : le budget pourrait devenir excédentaire en 2013. L’organisation patronale espère donc en profiter pour réduire encore la participation des entreprises au financement de l’assurance chômage, plutôt que ces excédents servent à élargir le nombre d’allocataires, par exemple.

La convention n’indemnise pourtant que 2,5 millions de personnes sur les 4,6 millions inscrites à Pôle emploi. Et la situation n’est pas en voie d’amélioration sur le front de l’emploi, si l’on en croit les prévisions de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). « Avec cette convention, la plupart des salariés précaires continuent à passer entre les mailles du filet de l’assurance chômage alors qu’ils cotisent au même titre que les salariés » , note Jean-François Kiefer, secrétaire général du Comité national des privés d’emploi CGT, qui participe aux négociations. Pour Évelyne Perrin, d’Agir ensemble contre le chômage (AC !), « le nombre d’allocataires en fin de droits a explosé en 2010 pour atteindre le million » , conséquence de la crise et de l’actuelle convention.

Face à cette situation explosive, le Medef serait prêt à lâcher quelques petits aménagements pour obtenir la signature de plusieurs syndicats, en particulier la CFDT, qui souhaite elle aussi maintenir la convention de 2009. Les associations de chômeurs (AC !, Apeis, MNCP, collectif Droits nouveaux et Stop Précarité), qui ne sont pas invitées à la table de ces négociations, ont pointé la dégradation de l’indemnisation des chômeurs. Mais il y a peu de chances que le Medef accepte une hausse des cotisations pour améliorer leur sort.

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