Pour 2012, jouons collectif !

Jean-Jacques Boislaroussie  • 10 février 2011 abonné·es

La Ve République nous tend, à chaque scrutin présidentiel, le même piège : personnalisation du débat, politique spectacle et, pour la gauche de gauche, éclatement. Le bilan de l’élection de 2007 était net : si certains ont clairement perdu, personne à gauche du PS n’a vraiment gagné. Le potentiel d’une gauche de transformation sociale et écologique est pourtant réel, d’abord sur le terrain des luttes. Son socle électoral reste important. Enfin, sa bataille idéologique contre le néolibéralisme a marqué des points.
Même rassemblement partiel, le Front de gauche manifeste une forte aspiration unitaire. Même tenté par l’isolement, le NPA conserve des forces militantes et une radicalité nécessaires au combat de l’autre gauche. Malgré son éparpillement, la gauche alternative est porteuse de propositions majeures, de la démarche autogestionnaire à la reconversion sociale et écologique de l’économie. Libertaires, objecteurs de croissance et autres déboulonneurs participent aussi à la construction d’alternatives.

La volonté de résister au rouleau compresseur capitaliste est forte et s’exprime sur tous les terrains dans la société. Elle doit peser dans le champ politique, avec l’exigence de décider ensemble, à la base, de dépasser les divisions.

Au sein du PS, existent des secteurs de gauche que nous avons retrouvés dans la bataille sur les retraites. Mais nous avons aussi constaté à cette occasion que l’orientation social-libérale restait largement dominante dans ce parti, et bien ancrée chez ses dirigeants. L’ensemble de l’autre gauche ne peut donc éluder la question de l’indépendance à l’égard du social-libéralisme. La clarté s’impose : il n’y a pas de compromis possible avec des politiques comme celles menées par les partis socialistes au pouvoir aujourd’hui en Grèce, en Espagne et au Portugal, et mises en œuvre à la suite des directives du FMI.

Pour les Alternatifs, c’est à l’aune d’un projet et d’un programme de rupture avec l’ordre libéral que doivent être envisagés les rapports avec le PS. Ce constat ne conduit pour autant en rien à renoncer à une bataille claire contre la droite et le FN. Il est possible d’aboutir à une position commune de toute la gauche de gauche sur ces points. Et il est indispensable, pour passer de la défensive à l’alternative, d’avancer ensemble autour d’un projet social, écologiste, féministe et démocratique.

Des propositions, souvent convergentes, sont portées par les diverses forces politiques de la vraie gauche et de l’écologie radicale, comme dans les syndicats et les associations ; elles sont débattues dans les forums sur le projet partagé du Front de gauche, elles naissent et s’expriment dans les mobilisations sociales, dans les alternatives concrètes.
Les Alternatifs gardent le cap du rassemblement large, aspiration largement partagée à gauche du PS, notamment par de nombreux militants des partis du Front de gauche comme du NPA, qui va tenir son congrès.

Nous n’avons que quelques mois pour construire un positionnement politique et un projet communs en vue des élections de 2012. Quelques mois pour avancer dans la constitution d’un bloc social et politique de toute l’autre gauche, large, ouvert à toutes les composantes, aux citoyennes et citoyens, militants des mouvements sociaux, s’appuyant sur des collectifs unitaires, et ancré dans les milieux populaires et la jeunesse. Un bloc social et politique pour les mobilisations, condition première d’une alternative.

Pour ce qui concerne la présidentielle, jouons collectif, avec une campagne diverse, la présence avec le candidat ou la candidate de représentants des forces rassemblées. Menons une campagne liée à tous les combats sociaux et écologiques, rompant avec le carcan présidentialiste et les faux-semblants imposés par les médias dominants et les professionnels de la politique. Restons au coude à coude, parce qu’il n’y a pas d’autre moyen pour changer la donne à gauche.

Publié dans le dossier
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