Lu, vu, entendu

Politis  • 17 mars 2011
Partager :

LU

On appréciera la méthode. Le critique littéraire et romancier Angelo Rinaldi a démissionné la semaine dernière de la présidence de l’association Défense de la langue française (DLF), par refus de remettre à Éric Zemmour – récemment condamné pour « provocation à la discrimination raciale »  – le prix Richelieu (décerné par l’association sur proposition d’un jury de vingt personnalités), récompensant le « bel usage » de la langue de Molière. Quelques jours plus tard, le très droitier site atlantico.fr était fier de mettre sur sa page d’accueil, sous un « exclusif Atlantico » , la « lettre ouverte » d’une mystérieuse Florence René. Un pseudonyme, précisait tranquillement Atlantico, derrière lequel se cachent « trois membres du jury » du prix Richelieu qui, courageusement, reprochent au « chevalier rouge germanopratin » (sic) d’avoir soutenu le NPA. Une bafouille aux relents aussi nauséabonds que les propos de Zemmour. Au moins, lui, les assume en son nom propre.

VU

« Je rencontre des gens dans la rue, ils m’arrêtent, je vois bien qu’il y a une attente » , confiait Dominique Strauss-Kahn, dimanche, dans un documentaire de 52 minutes dont on ne savait trop s’il était produit par Canal +, qui le diffusait, ou par Euro-RSCG. Que répondra-t-il à cette attente et quand ? « Cette décision, permettez-moi de la garder pour moi » , glisse-t-il. Chacun en conclut qu’il a pris sa décision, mais les socialistes n’en sont pas plus éclairés. Ce long reportage, qui le montrait dans ses fonctions au FMI sur une année, aura au moins averti les socialistes sur un point. S’ils le désignent, ils devront défendre son action à la tête de cette institution monétaire contestée avec ses plans de rigueur et d’austérité impopulaires. Bon courage !

ENTENDU

Interrogé sur la montée du Front national, Henri Guaino, qui était dimanche sur RTL, n’a pas contesté « la radicalisation de la société française » . Mais, pour le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, cette radicalisation « est le reflet de ce qui se passe dans bien d’autres pays » . Pas question pour lui de reconnaître au gouvernement une responsabilité particulière dans cette évolution de l’opinion : « C’est l’échec de tout le monde, et de personne » , a-t-il plaidé. M. Guaino a aussi repris à son compte la position du chef de l’État sur les élections cantonales, pas d’alliance avec le FN, et pas de front républicain : « Il faut assumer le risque de la démocratie : personne n’est propriétaire des voix, et les électeurs se déterminent. » Un bon moyen de préparer demain l’échec de tout le monde, et de personne.

Les échos
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don