Lu, vu, entendu

Politis  • 28 avril 2011
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LU

Le Point (21 avril) s’en prend, dans un dossier de près de quinze pages, aux « profiteurs » , « fraudeurs » et autres « privilégiés » qui, comme l’indique son titre, « ruinent la France ». Les journalistes de la rédaction, dirigée par l’incontournable Franz-Olivier Giesbert, commencent ainsi par fustiger les (très riches) bénéficiaires d’exonérations fiscales dans les DOM-TOM, nos grandes fortunes nationales domiciliées à Lausanne ou même les entreprises exonérées de cotisations sociales sensées créer des emplois. Petit problème, la liste de ces « profiteurs » allant mener l’État ni plus ni moins à la banqueroute s’allonge soudain, au fil des pages, aux membres du Syndicat du livre, aux dockers CGT, aux aiguilleurs du ciel, aux cheminots et aux intermittents du spectacle, « coûteuse exception » … Pour terminer par le sempiternel couplet sur « la fraude à la Sécu » , les « trafiquants des retraites » ou « le pactole des faux chômeurs »  ! Moralité : qui vole un œuf pourra – (peut-être) dans une autre vie – voler un bœuf !

VU

JT de 13 heures sur TF 1, vendredi 22 avril, Jean-Pierre Pernaut, l’inamovible présentateur, termine son exercice quotidien. Un reportage sur le comptage des rapaces dans le Jura se félicite de la croissance du nombre de ses oiseaux : « Les rapaces sont en haut de la chaîne alimentaire, conclut le reporter, leur présence a de quoi rassurer les terriens que nous sommes. » « Et à la Bourse, on en est rassurés , enchaîne (sans transition) notre Pernaut national, puisque la Bourse de Paris est en train d’augmenter de 0,43 % à l’heure qu’il est, à 4 021 points. C’est sur ces belles images (sic) qu’on termine le journal. » Dommage pour l’involontaire parallèle entre les rapaces et la Bourse, ce vendredi saint, la Bourse était fermée, comme le veut la tradition. C’est donc une information inventée de toutes pièces qu’a livrée TF 1.

ENTENDU

Invité de RMC, mardi matin, Luc Chatel a annoncé qu ’« environ 1 500 » classes seraient fermées dans le primaire à la prochaine rentrée, confirmant l’évaluation donnée la semaine dernière par le Snuipp-FSU, principal syndicat du primaire. Qu’un ministre de l’Éducation confirme une information syndicale est révélateur d’une droite décomplexée. Car M. Chatel assume et justifie ces fermetures en ajoutant qu’il y aurait 25 élèves par classe en maternelle (contre 27 dans les années 1990) et 22 dans le primaire (contre 23) à la rentrée. « 245 000 classes de premier degré à la rentrée, c’est sensiblement le même chiffre qu’il y a quatre ou cinq ans » , affirme-t-il. Tout est dans l’appréciation de ce « sensiblement ».

Les échos
Temps de lecture : 2 minutes
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