Chant d’honneur

Dans un disque et sur scène, Edmond Mondésir redonne vie au bélè.

Denis Constant-Martin  • 9 juin 2011 abonné·es

Musique préservée dans les Mornes, notamment à Sainte-Marie (au nord-est de la Martinique), le bélè, comme le gwo-ka en Guadeloupe, a fourni le cadre dans lequel pouvait se faire entendre une parole créole étouffée par l’esclavage puis le racisme et l’exploitation. Lors des veillées ou des soirées de danse, la voix associée aux tambours disait non seulement ce que les participants vivaient, mais comment ils le vivaient. La peine et l’humiliation étaient transmuées en fierté, en affirmation d’indépendance, souvent par le biais d’un humour qui raillait les travers des proches mais surtout vitupérait l’arrogance des puissants.

Edmond Mondésir appartient à la génération de ceux qui ont donné une nouvelle vie au bélè. Urbain, diplômé, engagé en politique (il a été conseiller régional de 2004 à 2010), il connaît intimement la musique des anciens et l’a reprise, adaptée (avec l’aide de son fils Manuel) pour en renforcer la présence dans la Martinique du XXIe siècle. La rythmique conserve les bases du bélè classique mais se renforce d’éléments modernes. La voix, que soutient parfois un saxophone, redit une histoire d’honneur et de luttes, mais pour parler du présent.

C’est pourquoi les chansons d’Edmond Mondésir ont été reprises par les manifestants de février 2009. Émosion bélè , fruit de la collaboration de Manuel et d’Edmond Mondésir, fait entendre un bel équilibre entre le bélè à l’ancienne et ses versions modernisées. Au New Morning, Edmond Mondésir reprendra ce répertoire avec des invités tels que Dédé Saint-Prix et Fred Deshayes.

Culture
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