De nouveaux horizons

Avec son deuxième album, Tamikrest confirme
toutes les promesses
du premier.

Jacques Vincent  • 16 juin 2011 abonné·es

Tamikrest est le plus en vue des jeunes groupes touaregs apparus récemment dans la lignée des historiques Tinariwen. Ses membres sont nés dans les années 1980 et, à la différence de leurs aînés, n’ont jamais tenu les armes mais uniquement des instruments de musique, après avoir découvert en même temps Tinariwen et Bob Marley ou Jimi Hendrix. C’est un autre cheminement. Formé en 2006, le groupe sortait son premier disque l’an passé. Voici le second, Toumastin. Une accélération qui doit beaucoup à sa rencontre avec les membres de Dirtmusic, Chris Eckman (ex-Walkabouts) et Hugo Race (ex-Bad Seeds), lors du Festival au désert en 2008. « Il y a des milliers de jeunes musiciens en Afrique. C’est juste que notre tente était à côté de la leur », déclarait récemment Ousmane Ag Mossa, le leader de Tamikrest, au magazine anglais Eyeplug. Sans doute, mais il fallait d’autres raisons pour que Dirtmusic décide d’aider Tamikrest à enregistrer son premier disque et de convaincre son label, Glitterhouse, de l’accueillir.

Bel acte de naissance : Adagh alignait exactement onze titres. Aujourd’hui, Toumastin est celui de l’émancipation. Deux raisons à cette évolution. D’abord, comme c’est souvent le cas pour un premier disque, les chansons d’ Adagh étaient déjà anciennes. Ensuite, entre les deux, une tournée européenne a ouvert des horizons au groupe, et lui a notamment permis d’écouter des musiques auxquelles il n’avait pas eu accès avant.


Tout en conservant ses racines, à la fois sur le plan musical et sur celui d’une inspiration toujours en lien direct avec la situation des Touaregs, qui, si les armes se sont tues, n’a guère évolué depuis les années 1960, Tamikrest montre aujourd’hui une identité plus affirmée, un sens de la composition plus inventif et varié. Les intros sont toujours comme des aubes naissantes et irrésistibles, la danse menée par les guitares, les voix et cette basse aux fantastiques arrondis. Les nouveautés tiennent à quelques détails : la guitare reggae de « Nak Amadjar Nidounia », le violon et les accents californiens de « Dihad Tedoun Itran » ou les guitares acoustiques de l’instrumental « Addektegh ». 
À peine sorti, Toumastin est allé se placer parmi les dix premiers du World Music Charts Europe. C’est mérité. Cela le serait tout autant que Tamikrest ne reste pas classé dans un genre — la « world music » — qui ne signifie rien sur un plan esthétique et reste très réducteur par rapport à son public potentiel.

Culture
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