Cultiver son tabac

Claude-Marie Vadrot  • 20 octobre 2011 abonné·es

Que faire ?

Installer dans son jardinet, son jardin, sur sa terrasse, voire son balcon, quelques pieds de tabac, l’espèce Nicotiana tabacum , la moins chargée en nicotine. Avec une préférence pour une variété de Virginie pour rouler des cigarettes, et une autre de Havane si l’objectif est de bourrer sa pipe. Une culture facile lorsqu’on bénéficie d’une exposition ensoleillée et si on n’habite pas en Bretagne ou dans le Nord de la France. Mais, avec le réchauffement climatique, tous les espoirs sont permis… Le tabac étant de la même famille que les tomates, celle des solanacées, il faut les traiter de la même façon : graines semées dans des mini-serres au mois de février et repiquage à la mi-mai. Reste à laisser pousser en ne lésinant pas sur l’engrais. Mais attention, les pieds deviennent beaucoup plus grands que ceux des tomates, atteignant parfois deux mètres. Les fleurs sont très belles mais, pour une bonne récolte de feuilles, il est nécessaire d’empêcher la plante de fleurir. Cultiver quelques pieds de tabac, disons une dizaine, pour son usage personnel est autorisé depuis la loi du 28 avril 1816 instaurant le monopole, loi qui a été modifiée en 1970 sans remettre en cause cette tolérance.

Pourquoi ?

Surtout pour le fun, pour le plaisir de flirter avec l’interdit. Car, tout d’abord, les limites légales ne permettent pas de produire de quoi satisfaire une consommation annuelle puisqu’un pied très bien soigné ne fournira guère plus de 150 à 200 grammes de tabac. Pas de quoi compenser la nouvelle hausse de 6 % du prix des cigarettes. Ensuite, les opérations de séchage des feuilles sont extrêmement délicates, et l’amateur de tabac maison, sauf s’il dispose d’un contact avec les agriculteurs qui en cultivent officiellement 8 000 hectares en France, devra se reporter aux conseils d’un vieil exemplaire du Bon Jardinier, l’almanach horticole publié de la fin du XVIIIe siècle jusqu’au début du XXe pour réussir la préparation. Et enfin, soyons honnêtes, parce que faute de respecter les prescriptions de séchage, le risque de gerber après une première bouffée de l’herbe à Nicot maison est assez grand : ça ramone ! Ceux qui se lancent dans cette culture ont donc intérêt à mélanger leur production avec celle du commerce, qu’il s’agisse de tabac pour cigarettes ou de tabac pour la pipe. Consolation et reconversion possible : les alcaloïdes contenus dans les feuilles de tabac permettent la confection d’un excellent insecticide qui ne laisse pas de résidus dans le sol et dans les plantes.

Comment ?

  • Il est de plus en plus difficile de trouver des graines de tabac (entre 3 et 5 euros le millier) et il ne faut pas se laisser refiler du tabac d’ornement qui ne se fume pas : Nicotiana alata, par exemple.

  • www.kokopelli.asso.fr

  • www.ebotashop.org

  • Chiner dans les vide-greniers et les brocantes pour trouver un vieil exemplaire du Bon Jardinier .

Le geste utile
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