Une légion de journalistes méritants à l’honneur

La cuvée 2012 de la Légion d’honneur recèle quelques noms de journalistes au sens de l’indépendance tout relatif. France Télévisions et le Parisien sont cette année les chouchous du pouvoir.

Erwan Manac'h  • 3 janvier 2012
Partager :
Une légion de journalistes méritants à l’honneur
© Photo : AFP / Dmitry Kostyukov

Sous Sarkozy, la breloque a souvent fait scandale : de Jacques Servier à Ali Bongo, en passant par Patrice de Maistre, la Légion d’honneur a souvent servi à remercier quelques proches du Président dont les mérites étaient plus que contestés. La dernière fournée de son quinquennat, publiée le 1er janvier 2012, était donc à éplucher avec un zèle particulier. Et on y retrouve quelques noms d’éminents journalistes :

Patrick de Carolis - AFP / Lionel Bonaventure

Il faut en particulier féliciter notre confrère Patrick de Carolis, ancien PDG de France Télévisions promu Officier de la Légion d’honneur, le deuxième grade de la distinction. Muriel Rosé, responsable des programmes magazine de France 3, et l’animateur de Thalassa Georges Pernoud reçoivent aussi la distinction de Chevalier.

Bravo aussi au Parisien – Aujourd’hui en France , honoré par deux fois avec la nomination de Marie-Odile Amaury[^2], présidente du groupe de presse du même nom qui édite notamment le quotidien, et de Catherine Leducq, directrice administrative et financière du titre qui devient Chevalier.

Toujours parmi nos glorieux confrères, les mérites de Takis Candilis, ex-directeur général adjoint de TF1 désormais président de la branche audiovisuelle du groupe Lagardère et d’Éric Brunet, animateur sur RMC, sont salués par le grade de Chevalier.

« Des gens incorrects »

Du côté des politiques, l’ex-sénateur UMP de l’Ardèche, Henri Torre, également ancien ministre, apparaît comme un trouble-fête en refusant d’être nommé Chevalier de la Légion d’honneur pour ne pas figurer avec « des gens incorrects ». Il réitère ainsi un refus qu’il avait déjà formulé en 2008, estimant que des personnalités comme Ziad Takieddine ont souillé la distinction. L’ancien ministre du gouvernement de Pierre Messmer (en 1973) dit ne plus avoir « confiance dans ceux qui nous dirigent actuellement » et « regrette » cette promotion « à quelques mois des élections » .

Parmi les chefs d’entreprises, François Pinault, PDG du groupe Pinault-Printemps-La Redoute, devient Grand officier tandis que le PDG de Thalès, Luc Vigneron, et celui d’Aéroports de Paris, Pierre Graff, sont aussi récompensés.

On retrouve enfin dans la liste des 829 nominés l’académicienne Hélène Carrère d’Encausse, 82 ans, historienne de la Russie et auteure d’une piquante explication de la «crise» des banlieues françaises, qui accède à la dignité de Grand’Croix de l’ordre ; le couple de chanteurs Stone et Charden ou encore les historiens politiques Jean-François Sirinelli[^3] et Michel Winock.

En cinq ans, Nicolas Sarkozy aura décoré 11 000 civils d’après le décompte du Journal du dimanche. Un chiffre stable depuis dix ans.

  • Journal Officiel du dimanche 1er janvier 2012

[^2]: Nommée chevalier de la Légion d’honneur.

[^3]: Histoire des droites en France (direction), nouvelle édition, Éditions Gallimard, Paris, 2006 (1re éd. 1993).

Société
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don