Déchiffrer l’étiquette

Patrick Piro  • 2 février 2012 abonné·es

Que faire ?

« Tiens, fiston, pour les murs de ta chambre, tu m’attrapes deux bidons de “super blanche”, c’est trop bas pour mes genoux…

– T’es sûr de ton coup, p’pa ?

– Rinçage à l’eau, sèche en vingt minutes, et sans odeur ! Veinard, de mon temps, on se tapait des horreurs de peintures pleines de solvants dégueu…

– Et pourquoi elle a un “C rouge” sur l’étiquette “émissions dans l’air intérieur” ?

– C’est quoi, cette étiquette ? Trop loin pour mes yeux…

– Pas grave, p’pa, il y en a d’autres. Tiens, juste devant toi, “A+ vert”. Ça veut dire “très faibles émissions de polluants volatils”.

– Ouais, mais, avec ta bonne vue, tu vois le prix ?

– Mais c’est moi qui respire l’air de ma chambre plus de huit heures par jour. La “C rouge” pas chère, c’est “fortes émissions”. Veto ! »

Depuis le 1er janvier 2012, tous les nouveaux produits de construction et de décoration doivent afficher une étiquette informant sur leur niveau d’émissions en « composés organiques volatils » (COV), suivant le principe de l’étiquette énergie. Il faudra cependant attendre septembre 2013 pour que l’exigence s’impose aux produits commercialisés avant 2012.

Privilégiez donc ceux qui adoptent l’étiquette, ça accélérera le mouvement. Certains magasins de bricolage se sont déjà engagés à ne vendre à terme que des articles portant la mention A ou A+.

Pour autant, pas d’angélisme : c’est le fabricant qui déclare lui-même le niveau d’émissions, et les produits les mieux notés restent les « moins mauvais ». Pour du « zéro COV », il faudra en général se rendre dans une boutique de produits écologiques. Ce qui ne vous dispensera pas d’ouvrir les fenêtres pour aérer les pièces, au moins dix minutes par jour et en toute saison. Car les sources sournoises de polluants ne manquent pas dans la maison.

Pourquoi ?

La chimie s’est immiscée partout. Il n’existe pratiquement plus un produit de construction ou de bricolage exempt de composés relâchant dans l’air, des mois durant, ces émanations plus ou moins nocives que sont les COV (formaldéhyde, benzène, toluène, éthylbenzène, xylène, pour les plus préoccupants). Sans que les fabricants n’aient d’obligation de pratiquer des études sanitaires… Aujourd’hui, les COV se trouvent à des taux bien plus élevés dans les habitations et les locaux qu’à l’extérieur. La qualité de l’air intérieur s’est fortement dégradée, ce qui coûte au pays entre 10 et 40 milliards d’euros par an, en raison, entre autres, de l’explosion des maladies allergiques (asthme, conjonctivite, allergies alimentaires, etc.). Elles touchent plus de 25 % de la population, une prévalence qui a doublé entre 1981 et 2000.

Comment ?

-Observatoire de la qualité de l’air intérieur (www.oqai.fr) pour des informations générales.

-La campagne gouvernementale d’étiquetage : www.respirez-mieux.gouv.fr

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