Même pas vrai !

Des saynètes drôles et mordantes de Jean-Claude Grumberg.

Gilles Costaz  • 16 février 2012 abonné·es

C’est presque un jeu. Un couple est en scène, chacun commence sa saynète par « Moi je crois pas ! » , et son partenaire réagit. Lui ne croit pas au « 11 Novembre » (il s’est trompé, il voulait dire « 11 Septembre »), elle le rembarre et il renchérit. Lui ne croit pas à l’existence du yéti. Ils s’enflamment, dévient, finissent par s’en prendre à un groupe ethnique. Lui ne croit pas – en général, c’est l’homme qui attaque, la femme ne lance le débat qu’une fois sur onze ! – que tel écrivain célèbre a écrit lui-même ses livres, ils s’empoignent et en viennent à penser qu’il n’y a qu’une source fiable d’information, Internet. Lui ne croit pas à l’Immaculée Conception, et la discussion dérape sur la vie sexuelle des voisins…

Maître de la pièce courte, Jean-Claude Grumberg a retrouvé le mordant du bref dans Moi je crois pas ! , pour saisir l’imbécillité en fin de journée, quand les couples parlent du programme télé à ­choisir et du dîner à préparer. Charles Tordjman a dirigé ses deux acteurs comme des boxeurs immobiles. Pierre Arditi est au bord de l’explosion, Catherine Hiegel dans l’énergie qu’on puise dans la lassitude. Voilà deux grands acteurs dans un texte fort drôle, mais peu raffiné ni majeur, où éclatent pourtant des phrases admirables comme celle-ci : « Je ne crois pas qu’il y a une vie avant la mort. »

Culture
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