EELV et PG se parlent enfin

Les états-majors des deux partis envisagent pour la première fois de travailler ensemble là où leurs analyses convergent.

Patrick Piro  • 7 février 2013 abonné·es

Quoi de mieux qu’une tête de Turc commune pour se reconnaître des accointances ? C’est sur le dos du Parti socialiste (PS) que les directions d’Europe écologie-Les Verts (EELV) et du Parti de gauche (PG) ont trouvé utile, mardi 29 janvier, de nouer pour la première fois des relations de travail lors d’une réunion de deux heures au siège du parti écologiste. La volonté « de se voir » était depuis longtemps partagée, professe-t-on des deux côtés, mais la dernière (et la première) rencontre datait d’il y a deux ans, relate Corinne Morel-Darleux, secrétaire nationale à l’écologie au PG. De fait, les deux partis se regardent en chiens de faïence depuis des mois, pas avares de piques sur leurs allégeances supposées – l’un au capitalisme vert et à la social-démocratie au ventre mou, l’autre à la vieille doxa socialiste et à une stratégie de contestation à tous crins. « Des réticences persistaient des deux côtés, reconnaît Élise Lowy, porte-parole d’EELV. Mais le contexte politique et les blocages manifestés par le PS ont contribué à les dépasser. »

Les divergences n’ont pas été éludées, en particulier sur la stratégie gouvernementale, mais il s’agissait surtout d’exploiter les points de convergence. « J’ai rarement participé à une réunion de ce type aussi riche sur le fond, et d’une réelle portée politique, se félicite Corinne Morel-Darleux. Nous considérons l’opposition d’EELV au traité budgétaire européen [TSCG] comme un marqueur de rapprochement entre nos partis. » « Notre-Dame-des-Landes, sortie du nucléaire, gaz de schiste… nous partageons la même analyse sur plusieurs dossiers importants pour les écologistes », appuie Élise Lowy. Le PG et EELV ont décidé de mettre sur pied quatre « ateliers de l’écologie concrète » [^2], dans le but d’adopter des positions communes. Des deux côtés, « même si l’on a évoqué les élections municipales de 2014 », on dément tout objectif électoral… pour le moment. Il ne s’agit pas d’une stratégie d’alliance alternative au Front de gauche, dément le PG. Mais l’occasion pourrait faire le larron. Surtout là où ses positions sont plus proches de celles d’EELV que du Parti communiste, notamment sur certains dossiers locaux (Fessenheim, Notre-Dame-des-Landes…). Côté écolo, on ne réfute pas l’hypothèse d’accords pour de prochaines élections locales, où EELV présente régulièrement des listes autonomes face à son allié PS.

[^2]: Éco-industrie, fiscalité écologique, questions maritimes, transition énergétique.

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