PS : la docilité ne paie pas

Le quotidien Le Monde attaque bille en tête Benoît Hamon pour un amendement qui n’est pas de lui et de ses amis mais celui du courant d’Emmanuel Maurel.

Michel Soudais  • 12 juin 2013
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Illustration - PS : la docilité ne paie pas


Enorme boulette politique en Une du Monde , paru cet après-midi. L’éditorial du quotidien que l’on n’ose plus qualifier « de référence » tant il regorge d’approximations, y brocarde les « querelles sans fin » du PS sur l’Europe. Pour s’en prendre violemment, une fois encore, à tous ceux qui osent porter un regard critique sur les politiques européennes. En tête de ses cibles, le gentil Benoît Hamon :
« Le courant ‘Un monde d’avance’, piloté par Benoît Hamon, ministre délégué à l’économie sociale, qui est pourtant dans la majorité du PS autour d’Harlem Désir, réclame tout bonnement ‘la suspension du pacte budgétaire européen’. »
L’information n’est pas seulement inexacte. Elle est totalement fausse. Et désinforme. Car ce n’est pas « Un monde d’avance » qui réclame la « suspension » du pacte de stabilité et de croissance mais « Maintenant la gauche », le courant d’Emmanuel Maurel, qui précise que cette « suspension doit permettre sa renégociation » .
Les deux courants ont certes présenté deux amendements communs, mais sur ce sujet précisément les amis de M. Hamon, emmenés par Henri Emmanuelli, avaient opté pour un amendement plus soft, se contentant de juger l’ « adaptation » dudit pacte « nécessaire » .
Le Monde aurait été bien inspiré de s’informer tout bonnement. Il aurait appris ce que j’ai dû résumer d’une ligne dans le Politis de la semaine dernière :

Les « hamonistes » avaient accepté de modérer leur propos sur ce point, avertis par la direction du PS qu’il y avait là une ligne rouge à ne pas franchir s’ils voulaient rester dans la majorité du PS. D’où la présentation d’un amendement numéroté 5 (Treize étaient soumis au vote des militants avec le texte officiel «Notre Europe», le 6 juin. A lire ici) en tous points identique à l’amendement numéroté 4 de « Maintenant la gauche » sauf sur une phrase où l’ « adaptation » remplace la « suspension » .

En acceptant ainsi de mettre la pédale douce sur la question du pacte de stabilité et de croissance (il n’est pas question dans le texte de « pacte budgétaire européen », comme il est écrit faussement dans la citation que fait Le Monde ), les dirigeants d’Un monde d’avance, conduits par Henri Emmanuelli, imaginaient vraisemblablement que leur amendement soft recueillerait, en raison de sa modération, davantage de voix que celui de Maintenant la gauche. C’est le contraire qui s’est produit, les militants privilégiant le parler clair.

Est-ce pour se refaire une virginité d’opposants irréductibles et s’attirer la sympathie des nombreux socialistes révoltés par le non respect du vote des militants auquel se livre la direction solférinienne depuis vendredi ? Désormais, Un monde d’avance menace de boycotter la convention européenne dimanche et s’en prend nommément à Harlem Désir dans divers communiqués (ici et ) si ses amendements ne sont pas intégrés. Comme si après des mois, où ils n’ont cessé de composer avec une direction du parti totalement alignée sur l’Elysée, Benoît Hamon et ses amis venaient subitement de se rendre compte qu’ils n’étaient guère payés en retour.

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