Cécile Duflot, des vœux en équilibre

La ministre de l’Égalité des territoires et du Logement a présenté à la presse des vœux politiques, tout en sous-entendus. Solidarité gouvernementale oblige.

Ingrid Merckx  • 21 janvier 2014
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Cécile Duflot, des vœux en équilibre
© Photo : LIONEL BONAVENTURE / AFP

Pas facile d’être une ministre écolo dans un gouvernement socialiste . Pas facile d’être la ministre écolo du gouvernement Hollande. Cécile Duflot joue l’équilibriste. C’est ce que la ministre de l’Égalité des territoires et du Logement a encore démontré lors de sa cérémonie « très politique » de vœux à la presse, mardi 21 janvier, rue de Varenne à Paris.

« 2014 sera une année de combat » et « 2014 sera l’année de l’égalité des territoires » , a-t-elle annoncé. De là à entendre « bras de fer » dans combat, il n’y avait qu’un pas. Un pas qu’elle n’a pas franchi cependant, soucieuse, manifestement, de ne pas se désolidariser du gouvernement tout en maintenant ses propres positions.

Trente ans de dérégulation

« Il ne se passe pas une semaine, il ne se passe pas deux jours même sans que l’on me demande si je n’ai pas perdu mon âme, si je n’ai pas avalé trop de couleuvres, si je ne vais pas quitter mes fonctions… , a souligné la ministre. Cela fait dix-huit mois que cela dure et c’est la colère qui motive mon action » , a-t-elle tranché. En 2013, elle dit avoir été accusée d’être aussi bien le « suppôt du libéralisme » qu’une « bolchevique forcenée » dans le cadre des discussions autour du projet de loi Alur sur le logement.

« La gauche n’est pas soluble dans la droite libérale , a insisté Cécile Duflot. Quelle est la différence fondamentale entre la droite et la gauche ? Intervention et régulation ou marché libre et concurrence généralisée. En matière de logement, on a subi trente ans de dérégulation et de marché libre. Nous avons besoin d’une régulation nouvelle » , a-t-elle défendu en rappelant ses objectifs : 500 000 constructions de logements par an, 150 000 sociaux. Même si passer la barre des 400 000, alors que la moyenne tourne autour de 335 000 – chiffre qu’elle a « réussi à maintenir » en 2013 – serait déjà une victoire.

« Ma politique consiste à accroître l’offre de logement tout en améliorant la qualité de la construction, les conditions de travail sur les chantiers, l’impact écologique des travaux, en mettant fin à l’inflation, en simplifiant les normes de construction et avec un accompagnement de l’État. »

Il y a plus de jours « sans » que de jours « avec » au ministère du Logement à entendre Cécile Duflot, qui a préféré laisser passer son « insatisfaction » sur la question des Roms plutôt qu’exprimer sa révolte. À la réponse à apporter aux bidonvilles ou au doublement du nombre d’évacuations de camps en 2013 par rapport à 2012, elle a opposé – mais fermement – la nécessité de faire respecter la circulaire d’août 2012 sur les évacuations de campements illicites.

« La dictature de l’immédiateté »

On ne commence pas l’année avec des polémiques et des petites phrases, d’après la ministre qui s’est gardée de riposter directement à la politique anti-Roms de Manuels Valls ou au pacte de responsabilité du Président Hollande. « Pour la presse comme pour la politique, la dictature de l’immédiateté, la tyrannie du court terme » , c’est le pire ennemi de la profondeur, a-t-elle prévenu en introduction.

Elle a néanmoins opposé un vœu de « sociale-écologie » à la « sociale-démocratie » défendue par François Hollande. Elle s’est faite sibylline sur « le prurit identitaire » , la « guerre des mémoires » et la « haine maquillée des oripeaux de l’humour » . Elle était bien plus offensive sur la partie technique de son projet de loi dont on pourra mesurer les effets, notamment ceux de la Garantie universelle des loyers (GUL), son projet phare, dans dix ans. Et elle a annoncé comme priorité le monde rural contre « une approche aveugle de la métropolisation des territoires ».

« Indépendance, résistance et vigilance » , a-t-elle souhaité aux journalistes, en ajoutant peu après que ce triptyque pourrait bien lui servir dans l’année qui vient de démarrer…

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