Les écologistes ont toujours tort, c’est bien connu… pour les médias !

C’est vrai quoi ! Pendant deux ans on leur dit qu’ils n’ont rien à faire dans ce gouvernement, parce qu’ils ne sont pas d’accord avec Manuel Valls, avec l’austérité, avec le productivisme, et puis d’abord ils ne sont là que pour les postes, « pour aller à la soupe » en fait.

Et puis tout à coup on leur propose le ministère de l’Ecologie, et ils se payent le culot de refuser ? Mais pour qui se prennent-ils ?

Perline  et  Aurélien Vernet  • 4 avril 2014
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Les écologistes ont toujours tort, c’est bien connu… pour les médias !

Ils vont à la soupe, quelle honte

Que n’a-t-on pas entendu gloser sur les écolos, et ce depuis le début de leur existence.

Aujourd’hui nous parlerons de leur participation au gouvernement, depuis Dominique Voynet devenue la première ministre écolo, de l’Environnement, de Lionel Jospin, en 1997.

Dès qu’il y a un désaccord, autrement dit tout le temps puisque, vous en êtes-vous aperçu ? les écologistes ne sont pas le PS – détail qui échappe aux médias – les journaux se lancent dans une ritournelle bien rodée maintenant : « allez-vous quitter le gouvernement » ?

Curieux qu’ils ne posent pas la question à Montebourg, à Sapin, à Valls, à Taubira ou à tout-e autre ministre… du PS, qui n’est pas d’accord avec un-e autre ministre.

Donc, dans une relation, quelle qu’elle soit, de travail, de couple, de politique, d’association, de collaboration, dès qu’on est pas d’accord, on s’en va ?

Mais quelle est leur vie quotidienne aux poseurs de question ?

Et d’abord, dès qu’ils ne sont pas d’accord avec leur chef, leur patron de presse, leur actionnaire, les journalistes démissionnent-ils, eux ?

Non, les écolos sont un Opni[^2] qui devrait obéir à leurs injonctions, à eux les rois du quatrième pouvoir, qu’ils ne peuvent en aucun cas, envisager pour leur propre vie.

Déjà, c’est fatigant. Car il y en aurait des questions intelligentes à poser :
– quel est votre programme ?
– jusqu’où acceptez-vous de lâcher du lest ?
– qu’est-ce qui est primordial dans votre accord avec le Président, le Premier ministre, le gouvernement ?

Mais ce sont déjà des questions avec plusieurs mots et un sens, trop compliqué. Revenons à notre ritournelle bien huilée : « Allez-vous quitter le gouvernement » ?

Et là, stupeur, les écolos quittent le gouvernement… sans que les journalistes ne leur aient posé la question

Alors là, c’est fou !
Les écolos quittent le gouvernement - Goélands leucophée prenant leur envol au Frioul
source : http://aurelien-vernet.com

La sortie du gouvernement, souligne la perte de confiance des écologistes comme d'une majorité de l’électorat dans son gouvernement et surtout dans ses orientations politiques :
  • L'austérité : comment faire 50~milliards d'économies et la transition énergétique en parallèle ? C'est la question posée par la secrétaire nationale.
  • Le message envoyé par les électeurs, lors des municipales, peut-il se satisfaire d'un nouveau gouvernement où il n'y aurait que deux nouvelles têtes (on attend encore la nomination des secrétaires d’État la semaine prochaine), mais qui n'aurait pour objectif que d'approfondir les politiques engagées ? Autrement dit, si le président continue de chasser sur les terres des centristes et de l'UMP, notamment à travers sa politique économique, comment espère-t-il reconquérir la partie gauche, désenchantée, de son électorat, dont les écolos font partie ?

Suite à la nomination de Manuel Valls à Matignon, les deux ministres écolos ont décidé de ne pas rester, sans qu’on ne leur ait rien demandé, ils l’ont annoncé d’eux-mêmes.
_ Suivi par une décision collective, détaillée, avec, évidemment, des voix discordantes car, là aussi, voyez-vous, chez les écolos tout le monde n’est pas d’accord sur tout tout le temps… comme au PS, par exemple…

Un scandale ! Depuis quand des écolos, fussent-ils ministres, se permettent-ils de devancer les ritournelles folliculaires ?

Un camouflet pour les journalistes, qui n’ont pas eu le temps de se retourner.

Donc il faut OBLIGATOIREMENT, de nouveau, les attaquer violemment.

Donc, refuser d’être ministre, pour les raisons, justement, qui poussaient les journalistes à se scandaliser de leur non-départ, est un scandale : CQFD.

WTF[^3] ?

On peut saluer ici la finesse politique d’analyse des journalistes qui, quelle que soit la décision des écolos, affirment qu’elle est mauvaise :

  • Des écolos qui refusent le ministère de l’écologie ? C’est louche !
  • Ils restent au gouvernement ? C’est donc qu’ils ne sont là que pour les postes, le fond, l’intérêt public, ils s’en fichent !

Trop fort les vieux routards cumulards accrochés à leurs maroquins !

Et les gens normaux dans tout ça ?

Outre les défections au PS, encartés ou sympathisants, outre les sondages qui donnent nombre de désenchantés par cette nomination matignonesque, ce geste, si banalisé par les journalistes comme la preuve du peu de sens politique des écolos, ce geste impossible, est d’ores et déjà vu par nombre d’électeurs comme une décision prise quand il fallait, comme il fallait, pour les raisons qu’il fallait.

Le résultat des élections européennes sera, à ce titre, un excellent indicateur.

Mais nous doutons qu’il mette un peu d’esprit d’à propos dans le fonctionnement de ritournelle de nombre de grands médias.

[^2]: Objet politique non identifié.

[^3]: What the fuck ? Autrement dit C’est quoi ce bordel ?

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Temps de lecture : 3 minutes
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