Éric Piolle : « Une ville modèle de la transition »

Patrick Piro  • 26 juin 2014 abonné·es
Éric Piolle : « Une ville modèle de la transition »
© **Éric Piolle** est maire Europe Écologie-Les Verts de Grenoble. Photo : AFP PHOTO / Jean Pierre Clatot

Il a fait enlever les rideaux pour dégager la vue sur le parc Mistral, remplacer le tableau de Soulages (rendu au musée de Grenoble) par une scène insouciante du 14 juillet 1939 et une Venise estompée par la brume de sa lagune. Et pas plus. « Je n’ai pas le goût à me consacrer à la décoration de mon bureau. » Éric Piolle reçoit sans apparat. Passionné de sport, il s’est assuré qu’il y aurait un écran en coulisse pour voir un peu du match de foot Suisse-France à l’entracte du spectacle de patinage artistique où il est invité ce vendredi 20 juin.

Vous vous apprêtez à adopter un budget supplémentaire pour couvrir les 14 millions d’euros de déficit laissés par la municipalité précédente. Une surprise ?

Éric Piolle : Nous savions qu’il y avait un trou. Mais le plus déroutant est la méthode : nos prédécesseurs votaient en décembre un budget « de communication » avec de faux chiffres, rectifié fin juillet alors que tout le monde est en vacances. Entre 2011 et 2014, la masse salariale a augmenté de 13 millions d’euros, sur un budget de fonctionnement de 137 millions. Le palais des congrès Alpexpo, par exemple, perd 2,5 millions d’euros par an. Eux, c’était la fuite en avant. Notre ligne de conduite sera la transparence. Nous avons annoncé que les impôts locaux ne seraient pas augmentés. Aussi, le prochain conseil municipal décidera d’emprunter pour éponger le déficit. Mais nous n’alimenterons pas la dette et ne réduirons pas l’ensemble des dotations. Le coup de rabot, ce n’est pas de la politique. Les choix du budget 2015 seront donc tranchés et porteront notre marque — école, jeunesse, tranquillité publique, urbanisme, mobilité… Nous allons revoir ces « subventions au privé » désignées jusque-là comme des « investissements ». Nous donnerons priorité à ceux qui génèrent un retour, par exemple la modernisation de l’éclairage public, source de réduction des factures. Ainsi, nous avons annulé le projet de nouveau stade pour le rugby. Le club partagera avec le football le Stade des Alpes, fortement sous-utilisé. Économie : 30 millions d’euros.

Les règles d’urbanisme seront modifiées pour bloquer certains projets immobiliers. Des dents grincent ?

Nous avons rencontré les opérateurs, nous discutons. Personne n’a été pris par surprise, nos intentions étaient connues.

Quels défis vous préparez-vous à affronter lors de cette mandature ?

Des craintes un peu irrationnelles se sont exprimées, en fin de campagne, dans les milieux économiques. En fait, les gens sont plutôt rassurés de constater que nous avons la tête sur les épaules, et par notre capacité de travail. Mais les lobbies n’ont pas encore manifesté leur puissance. La dynamique principale à enclencher, c’est de rendre nos valeurs lisibles par les Grenoblois, de rétablir le lien avec eux, de leur offrir des services publics efficients et au service de toutes les solidarités, de leur donner la possibilité de coélaborer leurs projets avec la ville. J’aimerais que Grenoble, aujourd’hui dominé par son pôle technologique, libère d’autres énergies et devienne une référence de la transition écologique — dans l’économie, le social, l’environnement.

Qu’aimeriez-vous avoir engagé au bout d’un an de mandat ?

La rénovation des écoles et la mise en route de cinq nouveaux établissements qui font défaut, la réorganisation des rythmes scolaires, l’embellissement de la ville, la création d’un vrai lien aux habitants, avec une méthode participative claire qui va de l’information à la coconstruction de projets.

Lire > Les cent jours d’Éric Piolle

Politique
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