La CFDT non intermittente (À flux détendu)

La CFDT sous-entend donc que les intermittents en lutte sont traités en privilégiés par Manuel Valls.

Christophe Kantcheff  • 26 juin 2014 abonné·es

La CFDT a mauvaise réputation. On dit d’elle, par exemple, qu’elle est d’un pragmatisme à toute épreuve, allant jusqu’à céder sur les principes qui la fondent – la défense des intérêts des salariés, faut-il le rappeler ? – quand elle estime devoir soutenir une réforme gouvernementale. Voilà qui est un rien diffamant. Par exemple, dans l’affaire des intermittents et de l’accord du 22 mars sur l’assurance chômage, on peut chercher de sa part le moindre recul, on ne trouvera pas. La CFDT ne lâche rien. Peut-être – mais cette explication-là est pure conjecture – le fait que le syndicat ne soit en rien représentatif des intermittents le délivre-t-il de toute tentation à l’arrangement… Voyons de plus près ce que la numéro 2 de la CFDT, Véronique Descacq, a déclaré après les annonces poudre aux yeux du Premier ministre, celle, notamment, de la prise en charge par l’État du « différé d’indemnisation » contenu dans l’accord, pénalisant les intermittents les plus fragiles. Cette mesure « rompt l’équité entre les salariés, s’est-elle alarmée. Nous avons construit un accord équilibré, avec des efforts pour tous. Or, là, il y a une catégorie à laquelle on dit : “ Les efforts, ce n’est pas pour vous. ” […] Ces annonces ne règlent pas le problème de la précarité, du financement de la culture. » La syndicaliste sous-entend donc que les intermittents en lutte sont traités en privilégiés par Manuel Valls. Mais c’est au nom d’une intransigeance d’airain avec le respect du principe d’égalité. Plus encore, pour Véronique Descacq, ces annonces « ne règlent pas le problème de la précarité » … que l’accord signé par elle contribue à accentuer. Qui a parlé de souplesse coupable à propos de la CFDT ? Autant de constance dans la posture, de non-intermittence dans le jugement, ne peut laisser indifférent…

Culture
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