Cogner des gosses : un métier de flics

À Saint-Malo, devant le collège Surcouf, une escouade policière a fait régner l’ordre face à des élèves âgés de 10 à 16 ans et à des parents.

Christophe Kantcheff  • 8 juin 2016
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Cogner des gosses : un métier de flics
© Photo : CITIZENSIDE / Yann Bohac / citizenside.

On ne compte plus les exploits de la police du patelin Bernard Cazeneuve, ce Ciotti sous Xanax. Parmi les plus saillants : la mort de Rémi Fraisse ; la grave blessure à la tête, infligée par une grenade de désencerclement le 26 mai à Paris, à Romain D., dix jours dans le coma ; et dernièrement, le 2 juin à Rennes, une charge en camionnettes, méthode inédite contre des manifestants à la loi travail.

Il faut croire que ce jour-là, dans ce même département breton, la maréchaussée était encline à l’innovation – toutes nos félicitations à M. le préfet, un certain M. Mirmand, plus communément surnommé le Clausewitz d’Ille-et-Vilaine. En effet, à Saint-Malo, devant le collège Surcouf, une escouade policière a fait régner l’ordre face à des élèves âgés de 10 à 16 ans et à des parents massés devant l’entrée de l’établissement. Bilan : onze jeunes ont été blessés, dont trois ont dû être hospitalisés. Et la plupart des collégiens présents ont été choqués.

Que faisaient donc ces sales mômes ? S’étaient-ils réunis pour louer, à la faveur d’une danse vaudoue, les mérites déstressants de la beuh ? Reprenaient-ils les paroles apprises en cours d’anglais de la célèbre comptine du groupe de rap N.W.A., Fuck Tha Police ? Nenni. Ces forcenés exprimaient leur opposition à la fermeture du collège à la rentrée 2017, décidée deux jours plus tôt par le conseil départemental. Ces graines de casseurs défendaient une certaine idée de l’école publique contre la casse de leur collège, le seul de la ville à être classé en Réseau d’éducation prioritaire. Voilà qui valait bien une rouste ! Les gros bras républicains sont arrivés pour déloger ça vite fait. Pas de quartiers contre ces voyous ayant pris en otages leurs camarades qui, eux, veulent apprendre.

Il fallait « libérer » la grille – on libère ce qu’on peut – afin de « sécuriser » les élèves au sein de l’établissement, dit-on du côté de l’inspection académique. Et pour ce faire, « il y a eu un usage [de la force, NDLR] strictement proportionné aux circonstances », a déclaré le Clausewitz du 35. Tous ces gens, y compris la poignée de pandores à l’humeur catcheuse et à l’horizon « oui-chef-bien-chef », ont la conscience tranquille. Au nom de la sécurité, ils n’ont abîmé que quelques gosses. C’est un drame ?

Culture
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