COP 23 : si, il est désormais trop tard pour sauver la Terre

Commencée en 1972, la course contre la montre pour sauver la planète du réchauffement s’est perdue dans les conférences, les mensonges et les promesses.

Claude-Marie Vadrot  • 20 novembre 2017
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COP 23 : si, il est désormais trop tard pour sauver la Terre
photo : POOL / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images/AFP

Lorsque la première conférence des Nations Unies sur les questions environnementales, organisée à Stockholm en 1972, a abordé la question climatique en quelques paragraphes, il était déjà bien tard. D’autant plus que, même si les mécanismes mortifères étaient déjà engagés, une majorité de scientifiques ricanaient, tandis que la majorité des politiques haussaient les épaules. Les mêmes qui niaient déjà la gravité des pollutions autres que celles qui minaient le climat.

En 1988 à Toronto, un G7 regroupant notamment Margaret Thatcher, Ronald Reagan, Helmut Kohl et François Mitterrand, « inventa » le Giec avec le secret espoir que cette nouvelle structure se noie rapidement dans la bureaucratie onusienne : ces scientifiques tenaces montrèrent que quelques mesures de sauvegarde de la planète étaient sans doute encore possibles. Mais déjà bien tard.

L’escrologiste Cousteau

En 1992, la grande conférence mondiale environnementale de Rio attira tous les « grands » de la terre autour de l’escrologiste Jacques-Yves Cousteau. Les ministres et chefs d’Etat y décidèrent, entre autres, de sauvegarder la biodiversité et d’enrayer les menaces climatiques. L’illusion fugace que ces deux questions essentielles puissent être rapidement réglées ne dura pas très longtemps. Pas au-delà de la tenue à Berlin en 1995 de la COP 1.

En 1997, la COP 3 de Kyoto rédigea et proposa aux pays les plus émetteurs de gaz de serre de signer le « protocole de Kyoto » actant les engagements des uns et des autres. Non seulement, déjà, les États-Unis renièrent rapidement leur signature, mais l’immense majorité des nations signataires se contentèrent discrètement de ne pas respecter les engagements pris. C’était plus simple, mais cela soulignait cruellement qu’il était déjà bien tard pour espérer et bien naïf de croire qu’un Donald Trump n’assassinerait pas un jour la terre en abandonnant l’hypocrisie américaine.

La maison brûle

Au printemps 2002 en Afrique du Sud, lors qu’une nouvelle conférence onusienne et mondiale, quand Jacques Chirac assura dans un célèbre discours (déjà) soufflé par Nicolas Hulot que « notre maison brûl[ait] », il n’existait plus aucun doute : elle était bien en flammes et les égoïsmes comme les cercles industriels, pétroliers et économiques attisaient de plus en plus l’incendies et ses catastrophes. Sauf pour les climato-sceptiques, qui, comme Claude Allègre commentaient la météo hivernale en assurant que puisqu’il y avait de la neige, il y avait encore de l’espoir, et que le réchauffement était une fable…

La Terre malade se traîna jusqu’à la COP 15 de Copenhague, au cours de laquelle de nouveaux médecins comme Obama et Sarkozy ratèrent ce que l’on crut devoir être une intervention de la dernière chance et qui tourna rapidement au coma dépassé.

Puis vinrent enfin des funérailles solennelles de la planète organisées sous la houlette de Fabius et de Hollande. L’idée était géniale puisqu’il s’agissait de réclamer à chaque pays son ordonnance personnalisée pour faire semblant de guérir la fièvre de la terre. C’était aussi une belle messe puisque comme dans les églises, chacun pouvait donner ce qu’il voulait, voire ne pas participer à la quête ou piquer dans le tronc.

Macron ranime la flamme

Il ne restait plus qu’à désigner un volontaire pour ranimer symboliquement et machinalement la flamme de la terre inconnue. Le plus jeune des enfants du chœur des impuissants s’y est collé à Bonn, à la COP 23, sans prendre le risque de sortir les diplomates et les experts de la torpeur de l’ex-capitale allemande qui suinte un ennui n’incitant pas à l’épanouissement des idées. Donc, sans troubler le coma dépassé de la planète, Emmanuel Macron a ânonné son hommage sans passion un discours écrit par un autre, devant des diplomates pensant déjà à la COP 24 et une chancelière impassible se demandant comment éviter la retraite suggérée par ses électeurs.

Hulot peut refermer le cercueil.

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