Procès Merah : La leçon de droit de Dupond-Moretti

Le pénaliste est critiqué pour avoir choisi de défendre Abdelkader Merah.

Politis  • 8 novembre 2017
Partager :
Procès Merah : La leçon de droit de Dupond-Moretti
© photo : Franceinter.fr

Un incident révélateur s’est produit le 3 novembre sur France Inter entre Nicolas Demorand et Éric Dupond-Moretti, l’avocat d’Abdelkader Merah. « Vous ne trouvez pas ça obscène, de le dire comme ça, devant les familles des victimes ? », a reproché le journaliste au pénaliste pour avoir déclaré que la mère de l’accusé était aussi la « mère d’un mort ». Et l’avocat de rétorquer : « C’est votre question qui est obscène », avant d’affirmer que le journaliste devrait « avoir du recul, comme les juges ».

Le pénaliste, critiqué pour avoir choisi de défendre Abdelkader Merah, en a profité pour donner une leçon de droit et peut-être de démocratie : « Il y a des causes indéfendables. L’islamisme radical, c’est indéfendable ; le nazisme, c’est indéfendable. Je ne défends pas une cause, j’espère que vous l’avez compris. Je défends un homme, et c’est singulièrement différent. » Et ceci encore : « Mon but n’était pas de faire aimer [Abdelkader Merah], c’était qu’il soit jugé selon nos règles. » Le frère de Mohamed Merah a été condamné pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, mais non pour complicité d’assassinat, comme le souhaitait la partie civile. « C’est l’honneur des juges que de ne pas avoir cédé aux sirènes de l’opinion publique », a estimé Éric Dupond-Moretti, qui a tout de même concédé que les victimes « avaient tous les droits ». Mais pas les juges ni, peut-être, les journalistes.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Snipers franco-israéliens : « Ce qui est effarant, c’est qu’ils revendiquent leurs crimes de guerre à Gaza »
Justice 1 juillet 2025 abonné·es

Snipers franco-israéliens : « Ce qui est effarant, c’est qu’ils revendiquent leurs crimes de guerre à Gaza »

Deux soldats franco-israéliens sont visés par une plainte de plusieurs ONG, déposée ce 1er juillet à Paris, pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide commis à Gaza. Ils sont accusés d’avoir participé à des exécutions sommaires au sein d’une unité baptisée Ghost Unit.
Par Maxime Sirvins
Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes
Terrorisme 28 juin 2025

Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes

De l’instruction à la barre, les 16 prévenus ont constamment invoqué la crainte de la guerre civile qui les a poussés à rejoindre le groupe. Ils ont brandi cette obsession, propre à l’extrême droite, pour justifier les projets d’actions violentes contre les musulmans.
Par Pauline Migevant
Accélérationnisme : comment l’extrême droite engage une course à la guerre raciale
Idées 28 juin 2025 abonné·es

Accélérationnisme : comment l’extrême droite engage une course à la guerre raciale

L’idéologie accélérationniste s’impose comme moteur d’un terrorisme d’ultradroite radicalisé. Portée par une vision apocalyptique et raciale du monde, elle prône l’effondrement du système pour imposer une société blanche.
Par Juliette Heinzlef
« Notre école est le dernier service public du village »
École 26 juin 2025

« Notre école est le dernier service public du village »

Depuis vingt ans, 7 000 écoles publiques ont été fermées. Celle du Chautay, dans le Cher, pourrait également disparaître. Cette école est l’une des dernières classes uniques de ce département rural. Des parents d’élèves, dont Isabelle, ont décidé de lutter pour éviter cette fermeture.