Olives amères en Palestine
L’année 2022 a été marquée par une hausse des attaques des colons israéliens contre les terres agricoles et les paysans.
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"Je suis une agricultrice. Toute ma vie est consacrée à cultiver la terre. Je n’aime pas rester à la maison », affirme Doha Asous avec un grand sourire, alors qu’elle est perchée dans un olivier sur une de ses terres, dans le village de Burin, en Cisjordanie. C’est le premier jour de la récolte de ses olives, qui va durer jusqu’en novembre, une période cruciale pour Doha comme pour de nombreuses familles palestiniennes.
Près de 100 000 familles palestiniennes tirent leurs revenus de la récolte des olives. Cette culture, vieille de plusieurs milliers d’années dans la région, représente environ 20 % de la production agricole palestinienne. Les oliviers sont omniprésents dans les paysages, près de 60 % des terres cultivées leur sont consacrées.
Mais la récolte des fruits n’est pas seulement une question économique : l’huile d’olive est la base de la nourriture. L’olivier est aussi un symbole de la résistance et de l’identité palestiniennes. Depuis 1967, 800 000 arbres ont été déracinés par les forces israéliennes, selon une étude publiée en 2012 par l’Institut de recherche appliquée de Jérusalem (Arij).
La récolte est toujours attendue avec impatience, même si les Palestinien·nes redoutent les attaques des colons israéliens dans cette période, en particulier sur celles de leurs terres qui sont proches des colonies. Non seulement cette année n’a pas fait exception, mais elle a été marquée par une forte augmentation des agressions.
Au cours des dix premiers jours de la récolte, plus de 100 attaques de colons ont été recensées en Cisjordanie : vols d’olives, incendie de terres et de plantations, empoisonnement d’arbres, attaques contre des agricultrices et des agriculteurs, dommages causés à leurs voitures ou à leurs équipements, harcèlements, menaces, etc.
Refus de permis agricolesLes colons se sentent galvanisés par la montée en puissance de leur représentation au cœur même du pouvoir israélien, comme en témoigne l’ascension fulgurante d’Itamar Ben-Gvir, un député suprémaciste juif et lui-même colon, qui s’apprête à devenir un des hommes forts du nouveau gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahou.
Le contexte de la récolte, cette année, est aussi marqué par la résurgence de la résistance armée palestinienne en Cisjordanie, notamment au nord, dans les régions de Naplouse et de Jénine.
Des attaques ont visé des soldats mais aussi des colons israéliens, ce qui n’a pas manqué de provoquer des actes de rétorsion de leur part contre les communautés palestiniennes. L’armée israélienne a intensifié ses incursions et utilisé des mesures de punition collective.
Selon les Nations unies, l’année 2022 est la plus meurtrière en Cisjordanie depuis 2005. Fin octobre, on dénombrait 130 Palestinien·nes, dont 30 enfants, tué·es par l’armée israélienne ou
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