Nouveau Front populaire : ils l’ont fait et c’est historique !

En moins d’une semaine, Emmanuel Macron aura réussi un exploit impensable : permettre à la gauche de s’unir à nouveau, et de présenter un véritable programme solide et porteur d’espoir. Dans un mouvement qui embarque la société civile.

Pierre Jacquemain  • 14 juin 2024
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Nouveau Front populaire : ils l’ont fait et c’est historique !
Conférence de presse de présentation du Nouveau Front populaire, le 14 juin, à Paris.
© Maxime Sirvins

Personne n’y croyait. Pas même les principaux protagonistes du Parti communiste, des Écologistes, des insoumis ou des socialistes. Pas même Emmanuel Macron qui a dissous l’Assemblée nationale en pariant sur la désunion de la gauche et des écologistes. Et, pourtant, c’est finalement le Nouveau Front populaire, qui vient d’accoucher d’un programme solide et porteur d’espoir, qui endosse désormais, seul, le rôle d’alternative à Jordan Bardella et à ses amis que tout le monde voyait déjà à Matignon et au gouvernement. Parce que dans la plupart des 577 circonscriptions de France, c’est bien un scénario bloc contre bloc qui se dessine : le bloc du Front populaire contre le bloc du Rassemblement national.

Exit donc le bloc macroniste qui devrait ne franchir le second tour des élections législatives que de manière marginale. Plus encore, si la dynamique était bien du côté du chouchou de Marine Le Pen, nous assistons aujourd’hui à un véritable retournement de situation. Les syndicats, les collectifs féministes, les associations, notamment des quartiers populaires, les ONG, les fédérations d’éducation populaire, de nombreuses personnalités issues de la société civile, tout le monde mouille la chemise et se félicite de la création du Nouveau Front populaire. C’est inédit. Du jamais vu.

Le Nouveau Front populaire n’est pas seulement une coalition de partis politiques mais l’engagement de la société civile.

Le Nouveau Front populaire n’est pas seulement une coalition de partis politiques mais l’engagement, chaque jour toujours plus, de la société civile, aux quatre coins de la France, qui ne se résout pas à l’idée de voir l’extrême droite diriger la France. Les nombreuses manifestations spontanées qui émergent partout dans le pays en sont l’un des principaux indicateurs.

En parallèle de cette nouvelle donne, l’extrême droite renonce sous nos yeux à plusieurs de ses engagements issus de la campagne présidentielle – pour séduire l’électorat populaire. Ainsi, pour ne pas augmenter le déficit, gage de sérieux croit-il, le RN a-t-il renoncé à supprimer l’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans, exonérer de charges les entreprises qui augmenteraient les salaires et revenir à la retraite à 60 ans. Jordan Bardella explique que la France est trop endettée, et que s’il devait prendre le pouvoir, le pays serait tellement en ruine qu’il lui faudrait avant tout engager des audits avant d’engager des réformes.

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En réalité, comme Macron, comme la droite en général, Bardella veut imposer aux Français une cure d’austérité en plus d’une chasse aux étrangers et aux racisés. Alors que les commentateurs des chaînes d’info nous présentaient un candidat prêt à gouverner, il fait la démonstration de sa grande fébrilité – englué dans des accords avec Ciotti, son nouveau boulet – et fait apparaître, en face, la grande solidité de la gauche sur le plan programmatique.

Un programme qui ne fait l’impasse sur aucun sujet

En quelques heures seulement, le Nouveau Front populaire a présenté un programme qui ne fait l’impasse sur aucun sujet. Qu’il s’agisse de l’Europe, de l’antisémitisme ou du Hamas. Même sur le nucléaire, les communistes et les écologistes ont trouvé un terrain d’entente clair et qui ne renonce en rien à ses ambitions écologiques. Un programme qui se décline judicieusement en trois temps.

Enfin, on souffle, on respire. Quelque chose a changé.

Le temps de la rupture : les quinze premiers jours seront consacrés à l’état d’urgence sociale avec blocage des prix de l’alimentation, de l’énergie et des carburants. Hausse du Smic à 1 600 euros. Abrogation des réformes sur les retraites et le chômage. Moratoire sur les infrastructures autoroutières ou sur les mégabassines. Ce ne sont que quelques exemples. Ensuite, le temps des cent premiers jours : loi sur le pouvoir d’achat – conférence sur les salaires, etc. –, sur la santé – pôle public du médicament, etc. –, sur l’éducation, la planification écologique, etc. Les mois suivants seront consacrés aux grandes transformations structurelles du pays : les services publics, le logement ou enfin le très plébiscité chantier de la VIe République.

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Enfin, on souffle, on respire. Quelque chose a changé. L’air semble plus léger, même si rien n’est joué. Toutefois Macron aura réussi un exploit : rassembler la gauche d’Olivier Besancenot à François Hollande pour faire battre l’extrême droite. Qui l’eût cru ? Chapeau, et merci l’artiste ! Parce qu’à la fin, c’est nous qu’on va gagner !

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Parti pris

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