La fiscalité s’invite enfin dans le débat budgétaire
Contre toute attente, des voix dissidentes se sont enfin élevées dans les allées du pouvoir pour contester la doctrine fiscale opposée à toute hausse des impôts. Les idées du camp progressiste sur la fiscalité font leur chemin.
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Économie : les 3 grandes arnaques macronistes Impôts : malgré l’échec du ruissellement, les macronistes figés dans la pensée unique L’épouvantail de la dette publique (suite) TINA, toujours TINA…Au moment où se prépare le projet de loi de finances pour 2025, dans un contexte de fort déficit public, un débat très politique s’engage sur le financement du budget de l’État. D’un côté, le gouvernement macroniste sortant, emmené par Gabriel Attal et Bruno Le Maire, refusant toute hausse d’impôts, avait prévu de s’attaquer au déficit de l’État par une forte réduction des dépenses publiques, de l’ordre de 100 milliards d’euros.
Ces économies budgétaires auraient eu un double effet négatif : d’une part, une inévitable dégradation des services publics, à commencer par l’éducation et la santé aujourd’hui en crise ; d’autre part, un impact dépressif sur une activité économique déjà chancelante.
Contre toute attente, des voix dissidentes se sont élevées dans les allées du pouvoir pour contester la doctrine fiscale opposée à toute hausse des impôts. Le nouveau premier ministre a reconnu la nécessité d’une plus grande justice fiscale. Et le gouverneur de la Banque de France a déclaré qu’il ne fallait pas exclure de demander un effort fiscal aux ménages les plus aisés et aux grandes entreprises !
On ne doit pas se faire trop d’illusions sur la portée de telles déclarations à court terme face à l’opposition résolue de la droite, incluant le Rassemblement national. Mais il est clair cependant que les idées du camp progressiste sur la fiscalité font leur chemin, d’autant qu’elles sont soutenues par une grande majorité de la population.
Il est important de nous mobiliser pour défendre deux exigences : revenir sur les baisses d’impôts décidées par Macron depuis 2017, ciblées pour l’essentiel sur les ménages les plus riches et sur les grandes entreprises, et qui privent les finances publiques de plus de 60 milliards d’euros par an, selon la Cour des comptes.
La seconde exigence doit être d’éliminer l’évasion fiscale pratiquée par les riches et les multinationales (1). Celle-ci se traduit par une perte de recettes publiques considérable, estimée à 100 milliards d’euros par an en France, et à 1 000 milliards dans l’Union européenne, soit l’équivalent des dépenses de santé des 27 pays membres.
L’Évasion fiscale, toute une histoire, Attac & VAP (dessins), aux Éditions de l’Atelier, 2024.
Ces deux mesures permettront de réduire le déficit de l’État, estimé à 145 milliards en 2024, de contribuer au financement des investissements publics massifs requis par la bifurcation écologique, et de mettre fin à l’injustice fiscale qui est une atteinte à la démocratie. Notre boussole doit être l’article 13 de la Déclaration des droits humains, selon lequel « une contribution commune est indispensable : elle doit être répartie entre tous les citoyens selon leurs facultés ».
Chaque semaine, nous donnons la parole à des économistes hétérodoxes dont nous partageons les constats… et les combats. Parce que, croyez-le ou non, d’autres politiques économiques sont possibles.
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