Vive la Norvège !

Denis Sieffert  • 22 mars 2007 abonné·es

Passons sur le refus dédaigneux du gouvernement israélien. Pour Ehoud Olmert, il ne s’est donc rien passé. En dépit des apparences, leHamas, qui a formé vendredi un gouvernement d’union nationale avec le Fatah, n’a pas reconnu les accords signés par l’OLP. Circulez, il n’y a rien à voir ! Passons sur l’attitude toujours prévisible des États-Unis, qui ont affirmé dimanche qu’ils refusaient de discuter avec le nouveau gouvernement palestinien au prétexte que celui-ci ne reconnaissait pas explicitement Israël et ne renonçait pas à la violence.

Rappelons simplement que lorsque l’OLP reconnut Israël, en 1988 d’abord, puis en 1993, les Palestiniens n’ont pas davantage obtenu la réciprocité, c’est-à-dire la reconnaissance d’un État. Et notons l’incongruité qu’il y a à exiger du peuple qui subit la colonisation qu’il renonce à toute résistance, tandis qu’on ne dit pas un mot de ladite colonisation, qui n’en finit pas de s’étendre sur les terres palestiniennes. Passons donc, tant la logique, la morale, l’équité et le droit sont une nouvelle fois défiés. Et saluons l’attitude courageuse de la Norvège, qui vient de prendre ses responsabilités en reconnaissant le nouveau gouvernement d’Ismaël Haniyeh. Mieux, le vice-ministre des Affaires étrangères norvégien, Raymond Johansen, a fait le voyage pour rencontrer, lundi à Gaza, le Premier ministre palestinien, membre du Hamas.

Une première pour un pays européen. Preuve du caractère paralysant de l’Union européenne. La Norvège, qui n’en fait pas partie, n’a pas à se soumettre aux contorsions diplomatiques de l’Union, dont la présidence allemande vient de se dire « prête à coopérer avec un gouvernement palestinien légitime qui adopterait une plate-forme reflétant les principes du Quartette (Union européenne, ONU, États-Unis, Russie) » alors que la même exigence n’est jamais adressée à Israël. Mais, au-delà du fait qu’Oslo s’apprête cette fois encore à montrer la voie, il existe une autre raison d’espérer. Si M. Olmert ne veut rien voir changer, l’opinion israélienne, elle, envisage les choses différemment. Selon un sondage publié lundi dans le Yediot Aharonot , 39 % des Israéliens sont pour l’ouverture d’un dialogue avec tout le gouvernement palestinien ; 17 % souhaitent que la négociation se mène uniquement avec les ministres du Fatah, tandis que 40 % sont hostiles à tout dialogue. Et la France dans tout cela ? Le Quai d’Orsay aurait lancé une invitation au ministre des Affaires étrangères palestinien, Ziad Abou Amr. Est-ce un début ? Ou une nouvelle gesticulation sans lendemain ?

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Gen Z : l’internationale contestataire
Monde 17 octobre 2025 abonné·es

Gen Z : l’internationale contestataire

Comme en 1968, une jeunesse mondiale se lève à nouveau, connectée, inventive et révoltée. De Rabat à Katmandou, de Lima à Manille, la « Gen Z » exprime sa colère contre la corruption, les inégalités et la destruction de l’environnement.
Par Olivier Doubre
GenZ 212 : la jeunesse marocaine en révolte
Jeunesse 17 octobre 2025 abonné·es

GenZ 212 : la jeunesse marocaine en révolte

Depuis deux semaines, le Maroc est secoué par un mouvement social inédit, porté par la jeunesse qui s’est dénommée « GenZ 212 », révoltée par l’effondrement des services publics. Confrontée à une répression brutale et à une réponse décevante du roi ce vendredi 10 octobre, le mouvement se situe à un tournant.
Par Embarek Foufa
À Madagascar, après la destitution du président, les nouveaux défis de la Gen Z
Analyse 17 octobre 2025

À Madagascar, après la destitution du président, les nouveaux défis de la Gen Z

La destitution du président Andry Rajoelina a été célébrée comme une victoire par le mouvement Gen Z Madagascar ce mardi. Mais un nouveau combat se présente à la jeunesse après la prise de pouvoir par des militaires et le risque de phagocytage de la lutte.
Par Orlando Vinson
« Il est difficile d’imaginer qu’Israël tolère une élection nationale palestinienne »
Entretien 13 octobre 2025 abonné·es

« Il est difficile d’imaginer qu’Israël tolère une élection nationale palestinienne »

Alors que la libération des otages et des prisonniers a commencé à Gaza et en Israël lundi 13 octobre, Laetitia Bucaille, autrice de Gaza, quel avenir (Stock, 2025), décrypte la possibilité d’un débouché politique palestinien.
Par Olivier Doubre et Hugo Boursier