Une cause majeure

À travers le travail de deux juges pour enfants, un plaidoyer pour la protection des mineurs.

Jean-Claude Renard  • 27 novembre 2008 abonné·es

Agressions, voitures brûlées, trafics de stupéfiants. Le plus souvent, c’est par la délinquance des adolescents que l’on parle de la justice des mineurs. Le grand public sait moins que cette justice a pour mission de protéger les plus jeunes. Un rôle assuré par la profession de juge pour enfants. Trois dossiers traités sur cinq concernent en effet « des enfants en danger », signalés par les familles, les services sociaux ou les écoles. Abandon, maltraitance, déscolarisation ou défaut de soins. La justice intervient donc pour les protéger du monde extérieur, des parents et parfois d’eux-mêmes.

Adrien Rivollier avait côtoyé la question de la justice des mineurs en réalisant un documentaire sur un centre éducatif fermé ( Point de chute , en 2005). En commençant ce nouveau film, Au tribunal de l’enfance , il n’a alors qu’une vision pénale du métier de juge pour enfants. En amont, c’est autre chose. L’assistance éducative des mineurs en danger est la partie civile du même boulot. Et pour rendre compte de cette besogne discrète, voire invisible, le réalisateur a suivi trois mois durant deux juges. Le premier, Jean Toulier, conduit ses dossiers avec sérénité, sans laisser filtrer d’émotions. Ça ne rigole guère au mètre carré. Le second, Marie Receveur, auparavant avocate puis juge d’application des peines, alterne entre tact, sévérité, coups de gueule et sourires. Deux méthodes pour le bien d’autrui, réprimant sans condamner. Sans la robe noire et dans l’intimité d’un cabinet. Dans un cadre qui se fait baromètre et sismographe des désordres. Là où les mômes déboulent avec, le plus souvent, des histoires et des trajectoires douloureuses. C’est ici tout un pan de la société en souffrance que la sphère privée des foyers rend habituellement inaccessible.
À l’écran, sans contrechamp, au fil des audiences et des entretiens, se succèdent du cas par cas, le tout-venant quotidien : l’évocation d’agressions sexuelles, de menaces de suicide, les dysfonctionnements familiaux, les éclatements de couple, les solitudes, le point de vue d’un psychiatre. Des thèmes à la fois universels et intimes. Une affaire de dimension humaine.

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