Vers une recomposition interne

Au moins quatre petites organisations du Front de gauche envisagent de fusionner dans une nouvelle formation, fin novembre. De quoi consolider un « troisième pôle » face au Parti de gauche et au PCF.

Michel Soudais  • 12 septembre 2013 abonné·es

Mariés ou fiancés ? À cette question, cinq des neuf organisations du Front de gauche répondront avant la fin de l’année. La Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase), la Gauche anticapitaliste (GA) et Convergences et alternative (C&A), deux scissions successives du NPA, ainsi que les Alternatifs, organisation se réclamant de l’héritage du PSU, et la Gauche unitaire (GU) ont engagé un processus de rapprochement qui doit aboutir à regrouper, les 23 et 24 novembre, tout ou partie de ces organisations dans une nouvelle structure, dotée d’un nom et d’une direction élue. Les discussions ont commencé au lendemain de la présidentielle. Plusieurs réunions autour de textes discutés dans les comités de chaque formation ont permis de vérifier les convergences et d’aplanir les divergences. La dernière réunion s’est tenue à la veille des Estivales du Front de gauche, et, de l’avis de plusieurs participants, elle s’est « bien passée ». « On avance progressivement », se félicite Clémentine Autain, membre de la Fase.

Ce regroupement, fréquemment présenté comme le « troisième pôle » du Front de gauche, à côté du PCF et du PG, est encore embryonnaire, mais il montre déjà des signes d’existence. Chaque semaine, un « G5 » réunit des représentants de chaque organisation ; ils éditent ensemble un bulletin, Trait d’union. C’est sous leur étiquette commune, les « Cinq », que Clémentine Autain est intervenue lors de la conférence de presse du collectif Retraites 2013 le 4 septembre. Et c’est sous ce nom qu’ils partagent un stand à la Fête de l’Humanité. Mais si trois organisations (Fase, GA et C&A) ont déjà établi leur siège sous le même toit (les Alternatifs conservant leur local historique à Paris XIe), la GU, divisée sur l’opportunité d’une fusion, continue de faire stand à part. « Nous ne nous sentons pas engagés par la manière dont se prépare la réunion de novembre », explique Christian Picquet. « Des désaccords persistent sur la stratégie, les objectifs à donner au Front de gauche et les rapports en son sein. » Or, proclamer une nouvelle organisation sans accord sur ces points, c’est « prendre le risque d’un éclatement qui affaiblirait toutes les parties prenantes et par ricochet le Front de gauche ». La GU, qui maintient toutefois ** sa participation au courant d’idées « Trait d’union » pour poursuivre la discussion politique, récuse l’idée d’un « troisième pôle » au sein du Front de gauche et la logique de confrontation qu’elle induit avec ses deux partis principaux, « tout particulièrement avec le PCF ».

Mettre fin à leur émiettement pour peser sur l’évolution du Front de gauche a certes compté dans la décision de ces formations de se regrouper. Mais une autre ambition guide la démarche, résumée par Pierre-François Grond, un des animateurs de la GA : celle d’être « un laboratoire de la capacité du Front de gauche à mélanger les cultures et à se dépasser ». Si elle voit le jour, la future formation, constituée sur une remise en cause du modèle vertical adopté par le PCF et le PG, mêlerait en effet des cultures issues du PSU, du PCF, des comités antilibéraux et des différentes strates de la LCR et du NPA, explique-t-il. Et serait susceptible d’attirer des animateurs du mouvement social, encore réticents à s’engager dans un cartel. Un pari.

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Front de gauche : Pourquoi ça coince
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