Présidentielle : Frondeurs et Insoumis se renvoient la balle

Malgré la nécessité de l’unité, les composantes de la gauche ne parviennent pas à s’accorder.

Pauline Graulle  • 14 septembre 2016 abonné·es
Présidentielle : Frondeurs et Insoumis se renvoient la balle
© Photo : XAVIER LEOTY/AFP

Il y avait quelque chose de la tragédie grecque, ce week-end, au sortir de l’université d’été des socialistes anti-Hollande à La Rochelle. Flottait dans l’air l’impression que rien ni personne ne pourrait contrarier le destin : un deuxième tour droite-FN en mai, une déferlante bleue (voire bleu marine) à l’Assemblée nationale en juin. Et, à l’arrivée, un pays fracturé, guetté par le chaos.

Dans les couloirs du Forum des ­Pertuis, face à l’océan, les socialistes affichaient une mine sinistre. Le député Pascal Cherki redoutant que la gauche finisse en « champ de ruines », Martine Chante­caille, membre du conseil national, prophétisant « une catastrophe si on ne change rien ». Et Christian Paul, chef de file de la gauche frondeuse, qualifiant la période de « veille des années 1930 ». Vu ce qui point à l’horizon, « tout homme ou femme de gauche devrait avoir perdu le sommeil », a ajouté le député de la Nièvre, appelant ses pairs, les militants et les autres partis à sortir de leurs « routines ».

Mais, de nouveauté, il n’y eut point. Bien consciente que l’affaire est pliée sans le concours de Jean-Luc Mélenchon, l’aile gauche n’a fait que réitérer ses appels du pied pour qu’il se soumette à une « primaire élargie ». Mais sans trouver d’autres arguments que ceux avancés début 2016, lorsque l’idée d’une « grande primaire de la gauche » avait été proposée, puis remplacée par une primaire restreinte au seul PS, à la suite, notamment, du refus de l’intéressé. De la Fête de l’Huma, Jean-Luc Mélenchon a donc sans surprise balayé de nouveau l’hypothèse. Appelant à son tour, sans y croire, les socialistes à quitter le PS pour rejoindre son mouvement de « la France insoumise ».

Dans les deux camps, on n’a pas fini de se renvoyer la balle. Avec de bonnes raisons. D’un côté, le PCF, les Verts et Jean-Luc Mélenchon n’imaginent pas de participer à un scrutin qui pourrait, en cas de défaite,les contraindre à soutenir François Hollande. De l’autre, les socialistes frondeurs refusent d’offrir un blanc-seing à l’ancien candidat du Front de gauche, auquel ils ne pardonnent pas d’avoir préempté l’espace à gauche en faisant cavalier seul.

« Jean-Luc ne pourra pas dire qu’on n’a pas essayé de faire l’unité », soulignait, samedi, le député et candidat à la primaire du PS, Benoît Hamon, lors d’un rendez-vous avec la presse. Comme si l’enjeu était désormais moins d’éviter le désastre que d’essayer de s’en dédouaner.

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