9-05-18, Brignoles-Saint-Maximin
Viviane, 25 ans, suit la Marche solidaire pour les migrants de Vintimille à Londres, organisée par l’Auberge des migrants. Au jour le jour, elle retrace son périple sur ce blog, illustré par des photographies du collectif Item.
Je suis à Aix-en-Provence. J’attends le groupe de marcheurs dans la Kangoo de location. Je ne sais pas vraiment si c’est au bon endroit mais c’est pas grave, on avisera au moment venu. J’ai un peu de temps devant moi. Dormir ou écrire, j’ai fait mon choix. Les fenêtres de la voiture grandes ouvertes pour laisser le vent rentrer. Je suis bien. Je suis toute seule. Vue sur le feuillage des arbres qui dansent, des herbes folles aussi, avec des coquelicots. Des sensations qui me font penser aux étés bretons.
Ce matin je n’allais pas très bien, je cherchais quelque chose. Je ne comprenais pas pourquoi ça n’allait pas. Je cherchais la réponse chez les autres, mais bien entendu, ce n’est pas la bonne méthode. Puis j’ai rencontré une femme. Elle est venue me poser les questions de base lorsque je rencontre quelqu’un sur la marche. Tu viens d’où ? Tu suis la marche depuis combien de temps, etc. ? J’ai répondu brièvement et sans motivation. Quand je ne me sens pas bien, je reste dans ma bulle, je m’isole, à chaque question ça me demande de l’effort pour répondre.
Puis quelques mètres de marche plus loin je l’entends discuter avec quelqu’un et elle dit qu’elle sait lire les cartes du tarot. Paf, je me suis ouverte instantanément et je lui ai posé plein de questions sur ça. Elle m’a sorti des infos impressionnantes sur moi, ça m’a bluffée. Notamment que j’ai besoin d’ancrage. Je crois que c’est ça ce qu’il me manque ici. Jamais les mêmes personnes, jamais les mêmes endroits, ni climats, ni paysage, ni problématiques. Le seul truc qui ne change pas, c’est moi. Je dois trouver mon ancrage en moi. J’aime croire à ces choses comme le tarot ou l’astrologie, c’est comme un jeu. Ça m’a fait voyager dans mon voyage.
Nous avons aussi discuté de choses spirituelles et de communication non violente. Je me suis vraiment sentie comprise par cette personne, elle est tombée à pique. C’est drôle parce qu’hier une amie m’a dit que je suis une personne forte, justement au moment ou j’allais pas bien.
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