Courrier des lecteurs Politis 1012

Politis  • 24 juillet 2008 abonné·es

J’y étais, cher Denis !

J’y étais, ce 23 juin, forcément historique et fondateur, au cœur du IIe arrondissement, prêt à contribuer au grand œuvre du rassemblement [proposé par l’Appel de Politis ]… Et je me suis tu. Je me suis tu, soudain perplexe et honteux devant ces grognards, couverts de cicatrices, baroudeurs aux poitrails glorieux… Eh oui, qu’aurais-je pu dire, moi qui n’ai connu que le « marxisme, tendance Pif le chien » cher à Renaud ; moi dont la seule participation efficace aux « mouvements collectifs » s’opérait sur un terrain de rubgy ou au club-house, plus « guitare électrique » que « courant alternatif », plus adepte des joutes oratoires que des luttes de classes, à peine syndiqué et un chouïa militant écologiste, mais plus encore : écologue ! Pire : intellectuel de salon et, somme toute, certainement un peu bobo ! D’abord rasséréné par ton introduction, puis abasourdi par cet étalage de références, de certificats de garantie d’extrême gauche 100 % militante, avec des morceaux de Trotski dedans, j’ai fait un complexe d’infériorité. C’est ta conclusion qui m’a tiré de cette torpeur autoflagellatoire, tant tu peinais à expliquer que la copie rendue par la classe ce soir-là était formidable – bien que hors sujet. Tu avais sollicité l’écriture d’un nouveau Capital, et on te rendait le brouillon de partition d’un vague « Ah, ça ira ! » ! Et c’est alors que j’ai cru comprendre qu’on allait peut-être quand même se comprendre… Permets-moi alors, s’il te plaît, de risquer une métaphore militaire (moi si viscéralement pacifiste !).

Dans tout combat, on a besoin de héros – voire de martyrs – pour accomplir l’exploit, arracher la crête des privilèges, dynamiter le pont honteux entre immigration et délinquance, enlever la redoute de la Banque mondiale à la pointe de la baïonnette. Ceux-là, point n’est nécessité de leur construire un discours cohérent, de les convaincre, ils sont à leur affaire, ils avancent… Ces baroudeurs, une poignée de spécialistes du combat, c’est leur commando que j’ai surpris en plein plan de bataille lundi soir. Incontournables pour arracher la position décisive, mais si empruntés en armée d’occupation ou de libération ! « L’avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés », chantait encore l’ami Brel… Dans tout combat, derrière les commandos, il faut des troupes régulières, de la piétaille, sans audace ni génie, simplement là pour « faire le job », parce que ce combat est nécessaire, parce qu’ils ont été convaincus par des stratèges, des penseurs, des politiques « de salon », que c’était la bonne attitude. Ils sont confusément fiers d’être là, mais pressés de rentrer à la maison ensuite. Or, si je compte bien, c’est environ 33 millions de Français qu’il faudra engager dans cette troupe régulière si l’on espère un jour vraiment changer de société par la voie démocratique (attention, d’ailleurs, à nos glorieux baroudeurs de la Cause, dont certains me semblent parfois tentés par le mercenariat, nettement moins participatif tout d’un coup… et partisans de « la chasse au singe sage, qui n’aime pas chasser » , de Brel). 33 millions qu’il faudra convaincre du bien-fondé de la cause à défendre, avec un discours solide, complet, cohérent, qui démonte un à un les arguments de l’adversaire, offre un futur possible et accessible, propose à chacun le mode d’emploi pour contribuer à l’effort collectif. Lui asséner une notice de bravoure, un guide pour l’exploit et un itinéraire vers la gloire me semble plutôt de nature à refroidir le commun des mortels. Si cela marchait, l’exemple de tous ces militants engagés jusqu’à leurs limites dans la résistance aurait fait basculer depuis longtemps la majorité…

L’intuition géniale que j’ai ressentie dans l’initiative de Politis, c’est justement cette évidence du besoin d’un discours politique plus que militant, offrant une alternative globale à notre société de fous, apte à rallier les masses qui ressentent, confusément ou douloureusement, la violence et l’iniquité du même « projet de civilisation » qu’on leur offre en changeant l’emballage (rouge, rose, bleu ou noir) ou le colisage (en portions individuelles à droite, en paquet familial forcément collectif un peu plus à gauche, avec en cadeau un pansement à pauvreté au fond du baril). S’il y a besoin de « minutes de cerveau disponible » pour construire ce projet politique robuste et cohérent, solidaire et écologiste, j’aurais à cœur d’en libérer, tu as mes coordonnées. S’il s’agit juste de fusionner les bérets verts de l’autogestion, les SAS du développement solidaire, les marines du syndicalisme anarchiste et les paras de l’antilibéralisme (tous admirables dans leur combat, que l’on ne se méprenne pas sur mes propos !) dans la même unité de combat, je crois qu’en bon Candide je retournerai cultiver mon jardin quelque temps encore… Et pour le « Temps des Cerises », j’attendrai le prochain printemps… Avec tous mes encouragements.

Luc Mauchamp

Dette publique

Abonné depuis de nombreuses années, je lis toujours avec intérêt votre hebdomadaire. Mais je n’ai pas souvenir que vous ayez parlé des livres et des thèses d’André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder concernant la finance et la dette publique. Au lieu de me lancer dans une longue explication, je vous invite à vous rendre sur le site yvesmichel.org et d’écouter une interview d’Holbecq sur la dette publique, et de lire les ouvrages des deux personnes citées ci-dessus (1) : la Dette publique, une affaire rentable,
et les 10 plus gros mensonges sur l’Économie.
Il me semble important de porter à la connaissance du plus grand nombre ces informations. Cela permet de montrer que les décisions les plus importantes prises par les politiques ne visent qu’à favoriser, hélas, des intérêts privés et leur carrière personnelle. Je compte sur vous pour diffuser la thèse de ces deux auteurs !

André Ferruit

Courrier des lecteurs
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