Exécution parlementaire réussie

Claude-Marie Vadrot  • 23 octobre 2008 abonné·es

Les députés de la majorité ont réussi à vider de sa faible substance la loi dite Grenelle I, dont l’examen « urgent » avait été reporté trois fois. Les maîtres d’œuvre de cet enterrement furent notamment Patrick Ollier et Christian Jacob. Le premier, que l’on ne peut pas qualifier d’ami des écologistes, s’était déjà fait remarquer en 2002 comme président d’une commission d’enquête destinée à régler son compte au loup. Avec des déclarations, à la tribune de l’Assemblée nationale, qui en disaient long sur son incompétence. Quant à Christian Jacob, ancien président des Jeunes Agriculteurs, il a vaillamment défendu les intérêts des multinationales d’engrais et de pesticides chimiques. Au cours des débats, les parlementaires se sont la plupart du temps limités à expliquer que les projets d’autoroutes ou d’aménagement concernant leur circonscription justifiaient largement de faire une entorse à « l’arrêt des travaux inutiles » préconisé par le Grenelle. Pour la nouvelle taxe sur les poids lourds, renvoyée à 2011, une dizaine de députés se sont contentés, explique Noël Mamère, qui parle d’escamotage législatif et de mépris, de lire à la tribune, sans en changer une virgule, l’argumentaire de la Fédération nationale des transports routiers. Et Patrick Ollier, mandaté par EDF, a réussi à faire inclure dans le texte de loi que le chauffage électrique pourra être considéré comme émanant d’une source d’énergie renouvelable. Sous-entendu : puisque l’électricité sera fournie par les centrales nucléaires.

Après plusieurs séances nocturnes, la loi a donc été expédiée, et les 700 amendements du PS, du PC et des Verts ont été balayés, bien que rédigés dans l’esprit des discussions du Grenelle. Après un vote solennel mardi après-midi, le texte partira au Sénat avant de revenir à l’Assemblée nationale, peut-être avant la fin de 2008, après un dernier effort des industriels aux aguets. Les parlementaires ont tenu leur double promesse : celle d’édulcorer un texte de loi faisant la part trop belle aux souhaits des écologistes, et celle faite aux groupes de pression du bâtiment, de l’énergie, du transport routier et de l’industrie chimique, de modérer les ardeurs de Jean-Louis Borloo et du président de la République. Tout cela n’empêche pas la fédération France Nature Environnement d’afficher sa satisfaction. Peut-être parce qu’à compter de 2010 on commencera à retirer de la vente les ampoules électriques à forte consommation d’énergie…

Écologie
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