Soulagement pour Marina Petrella

Olivier Doubre  • 16 octobre 2008 abonné·es

Marina Petrella « ne sera pas extradée ». C’est l’annonce faite par les services de Nicolas Sarkozy en raison de « sa seule situation de santé » . Carla Bruni-Sarkozy avait prévenu en personne l’ancienne militante des Brigades rouges de cette décision lors d’une visite discrète à l’hôpital Sainte-Anne le 8 octobre. Pour la première fois, la clause humanitaire prévue dans la convention franco-italienne de 1957 va être appliquée pour une réfugiée des années de plomb, dont l’Italie demandait l’extradition. Arrêtée en août 2007 devant sa fille (française) de 10 ans dans un commissariat de police du Val-d’Oise, où elle avait été attirée pour une question administrative mineure, Marina Petrella avait été incarcérée à la prison des femmes de Fresnes. Malgré la mobilisation de ses proches, de la Ligue des droits de l’homme, de personnalités politiques et d’intellectuels, la cour d’appel de Versailles avait rendu, en automne 2007, un avis favorable à son extradition, finalement ordonnée par un décret de François Fillon. La cour d’appel de Versailles poursuivait ainsi dans la même voie que le renversement de jurisprudence intervenu dans un jugement de 2005 sur l’extradition de Cesare Battisti, autre réfugié italien.
Ce revirement suivait aussi la décision des gouvernements Raffarin puis Fillon de remettre en cause la « doctrine Mitterrand » protégeant la présence en France des Italiens ayant rompu avec la violence politique.

Marina Petrella, qui avait refait sa vie depuis son arrivée en France en 1993, avait sombré dans une profonde dépression et ne s’alimentait plus. Les médecins allaient même jusqu’à évoquer un « abandon de vie » . Devant cette nouvelle décision française de ne pas extrader l’ancienne activiste, les protestations des associations de victimes du terrorisme transalpines sont nombreuses en Italie. Reste à savoir quel est l’intérêt d’incarcérer une femme malade pour des faits remontant à près de trente ans. Aujourd’hui, Cesare Battisti, lui aussi en mauvaise santé, demeure en prison au Brésil, en attente d’un jugement. En France, la question globale des réfugiés italiens n’est en rien réglée. Mais Marina Petrella peut au moins vivre libre dans ce pays.

Société
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