Le second tour des européennes

Les députés européens devaient reconduire mercredi le très libéral José Manuel Barroso à la présidence de la Commission européenne.

Michel Soudais  • 17 septembre 2009 abonné·es

Après une première session en juillet, qui tenait plus de la prise de fonction, José Bové a retrouvé, comme ses nouveaux collègues, l’hémicycle strasbourgeois lundi. C’est là que se tiennent, une fois par mois, les sessions plénières du Parlement européen (PE). Les groupes politiques sont désormais constitués et les commissions pourvues. Au sein de celles-ci, le travail parlementaire, fait d’examens, de discussions et d’amendements sur les directives et règlements proposés par la Commission a déjà commencé. Mais, pour l’heure, ce n’est pas à ces travaux législatifs qu’était consacrée la session plénière de ce mois.

Avant de se consacrer à « l’ordinaire » de leur mandat, les eurodéputés devaient dire s’ils acceptaient ou non de reconduire José Manuel Barroso à la présidence de la Commission européenne. Ce vote, prévu le 16 septembre, est l’un les plus importants de la mandature pour laquelle les citoyens des 27 pays membres de l’Union européenne ont élu, le 7 juin, 736 députés. Les règles institutionnelles inscrites dans les traités font en effet du président de la Commission européenne l’homme le plus influent de l’Union. Le collège qu’il préside cumule des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires puisque la Commission est à l’initiative des lois, exécute les budgets et est en charge de la surveillance et de l’application du droit. Son élection constitue aussi un peu le second tour des européennes puisque c’est au lendemain de celles-ci, et en tenant compte de leur résultat, que les chefs d’État et de gouvernement des Vingt-Sept choisissent un candidat. M. Barroso était celui des libéraux conservateurs, qui forment le groupe le plus important du PE. Mais pour obtenir une majorité, il devait aller chercher des voix au-delà de sa famille politique. Avant d’être auditionné par tous les groupes politiques, il leur a présenté, dans un document d’une cinquantaine de pages, des « orientations » capables de « dégager un consensus parmi l’ensemble des forces pro-européennes » . Chacun peut juger, à la lecture des extraits publiés ci-contre de la nature néolibérale de ce consensus. Et de la responsabilité des élus qui apportent leur suffrage à un tel programme. Parmi eux, combien de « socialistes » européens ? C’était, lundi, la principale inconnue d’une élection donnée pour acquise.

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